Les motions de censure qui ont été déposées contre le gouvernement Lecornu sont «des motions de dissolution et doivent être vues comme telles», a averti Emmanuel Macron en Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
Alors que les socialistes doivent décider dans la foulée de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu s'ils censurent ou non le gouvernement, le chef de l'Etat les prévient donc qu'il exclut de nommer un nouveau Premier ministre si Sébastien Lecornu est renversé et qu'il prononcera alors la dissolution de l'Assemblée.
Les Français «sont fatigués du fracas» politique
Le président «a constaté que deux motions de censure (de LFI et RN) ont été déposées et que donc certains ne veulent pas débattre. Il a rappelé que les motions de censure qui ont été déposées sont des motions de dissolution et doivent être vues comme telles», a rapporté Maud Bregeon. «Les désaccords sont estimables, mais ils ne sont acceptables que si des compromis sont possibles», a ajouté le chef de l'Etat qui a «insisté sur la stabilité institutionnelle» en estimant que les Français «sont fatigués du fracas» politique.
A la suite du président, Sébastien Lecornu a assuré qu'il montrerait dans sa déclaration de politique générale que le gouvernement est «capable de bouger» mais «en insistant sur le fait qu'il ne fera pas n'importe quoi», toujours selon la porte-parole du gouvernement.
Le Premier ministre a insisté «sur le fait que la politique, c'était défendre ses opinions et être fier de le faire, mais être en capacité de faire le chemin politique pour agir». Ni le président, ni le Premier ministre n'ont fait explicitement allusion à l'exigence formulée par les socialistes d'une suspension complète de la réforme des retraites pour ne pas censurer le gouvernement.
Dernier coup de pression au PS
C'est à partir de 15H00 que tout va se jouer à la tribune de l'Assemblée avec la déclaration de politique générale du Premier ministre, qui sera «courte» et «remettra le Parlement au coeur de tout», selon son entourage. Les responsables des groupes pourront ensuite lui répondre avant qu'il ne reprenne une dernière fois la parole. Si l'exercice impose qu'il aborde de nombreux sujets cruciaux, l'attention sera focalisée sur la fiscalité et surtout les retraites.
Le PS demande «la suspension immédiate et complète» de la réforme de 2023, avec un blocage de l'âge légal à 62 ans et 9 mois mais aussi de l'allongement de la durée de cotisation. Même le camp présidentiel est divisé sur la question: si certains ne veulent pas voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, d'autres espèrent une telle initiative pour tenter de sortir de la crise politique.
Le PS a dors et déjà annoncé qu'il déposera une motion de censure dès mardi soir si ses exigences ne sont pas satisfaites par Lecornu.