Flâner au marché de Noël, un verre de vin chaud à la main, représente pour de nombreuses personnes l’un des moments privilégiés de la période des fêtes. Mais parfois, il en faut peu pour qu’une soirée agréable ne se transforme en un terrible mal de tête. Est-ce une simple impression, ou le vin chaud provoque-t-il une gueule de bois carabinée? Regina Esser, spécialiste dans le domaine des addictions à Zurich, nous aide à répondre aux idées reçues sur l’une des boissons les plus incontournables des fêtes de Noël.
C’est effectivement le cas, selon Regina Esser: «D’une part, la chaleur du vin chaud entraîne une meilleure irrigation du tube digestif, ce qui fait que l’alcool se répand donc plus rapidement dans le corps. D’autre part, le sucre contenu dans le vin chaud favorise l’absorption de l’alcool.»
Mais la vitesse à laquelle l’ivresse monte chez une personne dépend aussi d’autres facteurs. Par exemple, le fait de boire l’estomac vide ou la capacité du corps à éliminer l’alcool. La spécialiste explique que «certaines personnes sont génétiquement prédisposées à produire moins d’enzymes essentielles à la dégradation de l’alcool dans le corps». Par conséquent, elles en ressentent plus rapidement les effets que d’autres.
Regina Esser réfute cette affirmation: «Dans un premier temps, lorsque l’on boit un vin chaud, une sensation de chaleur se propage dans le corps, mais au bout d’un moment, on a froid.» La raison? L’alcool a un effet vasodilatateur qui dilate les vaisseaux sanguins, ce qui provoque un afflux de sang vers la surface du corps. Cet afflux génère de la chaleur, qui est ensuite évacuée à travers la peau. «Si cela peut provoquer des joues rouges et chaudes, à l’intérieur, on a en réalité plutôt froid.»
«Ce n’est pas le vin chaud lui-même qui est responsable des maux de tête, mais sa transformation dans le corps», explique Regina Esser. Dans le foie, l’alcool est transformé en acétaldéhyde – un composé chimique – par une enzyme spécifique, ce qui provoque des maux de tête et d’autres symptômes de la gueule de bois, comme des nausées ou des vertiges. «L’acétaldéhyde est très toxique. Il est responsable de l’effet cancérigène de l’alcool.»
Selon l’experte, le choix entre vin rouge et vin blanc peut avoir une influence sur l’apparition des maux de tête. «Certaines personnes sont particulièrement sensibles à certains composants comme l’histamine, une molécule présente en plus forte concentration dans le vin rouge». Des études ont montré que l’histamine pouvait déclencher des crises de migraine.
Lorsque le vin chaud est chauffé à plus de 80 degrés, l’alcool s’évapore et un produit issu de la dégradation du sucre se forme: l’hydroxyméthylfurfural, qui est suspecté d’avoir des effets cancérigènes. La spécialiste affirme pour sa part qu’il n’existe aucune preuve formelle sur cette question. «Les scientifiques supposent que l’hydroxyméthylfurfural est cancérigène parce qu’il appartient à une famille de composés chimiques présentant des propriétés cancérigènes.»
Cependant, aucun lien direct n’a été établi à ce jour entre ce produit et le développement du cancer. «L’effet cancérigène de l’acétaldéhyde, un autre produit de dégradation, est bien plus inquiétant. Il est libéré dans l’organisme quelle que soit la température de l’alcool.»