Une crack romande de piquet
Amina Muratovic: «Représenter le pays dans lequel j’ai grandi serait une fierté»

Âgée de 19 ans, la Vaudoise de Servette Chênois figure pour la première fois dans la liste des réservistes de l’équipe de Suisse. Un pas en avant dans sa prometteuse carrière.
Publié: 23.10.2025 à 15:02 heures
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Plusieurs clubs étrangers surveilleraient de près la jeune pépite de Servette Chênois.
Photo: Imago/Just Pictures
Florian Paccaud
Florian PaccaudFlorian Paccaud - Journaliste Blick

«Dans six mois, je pense que ça sera bon pour Amina Muratovic.» Noémie Beney, désormais responsable des talents au sein de l’ASF, sait de quoi elle parle. L’ancienne internationale helvétique suit de près les jeunes pépites helvétiques du football féminin. Interrogée par Blick cet été en marge de l’Euro, elle avait – à l’instar de Leila Wandeler – parlé de la défenseure de Servette Chênois à Pia Sundhage comme potentielle sélectionnable. «Mais c’était peut-être un peu trop tôt», avait ajouté la tante d’Iman, qui rayonne désormais avec Manchester City. 

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Disputer le Championnat d’Europe en Suisse, je ne vais pas mentir, c’était clairement un objectif
Amina Muratovic
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Si Amina Muratovic ne fait pas partie de la liste des 23 joueuses qui se sont réunies lundi à Weggis, dans le canton de Lucerne, en vue des matches amicaux contre le Canada (le 24 octobre à la Swissporarena) et l’Ecosse (le 28 octobre à Dunfermline), elle figure, pour la première fois de sa prometteuse carrière, sur la liste des réservistes. Un grand pas en avant pour la Vaudoise de 19 ans. «Même si je ne suis pas directement nominée, je suis hyper heureuse d’être dans la liste. Je pense qu’en tant que footballeuse, il n'y a rien de plus beau que de représenter son pays sur la scène internationale.» Cet honneur lui a redonné un «boost, une énergie». Une motivation pour lui permettre de franchir de nouveaux paliers.

Premier match dans l'élite à 16 ans

Amina Muratovic a le football dans le sang. Elle a commencé à le pratiquer dès l’âge de neuf ans au FC La Sallaz. Son père, ancien footballeur en Bosnie-Herzégovine, a officié comme entraîneur en Suisse. «Ma grande sœur a commencé à jouer et tous les week-ends, c’était foot, foot, foot. J’étais à tous ses matches et ça m’a donné envie. Un jour, je me suis dit: “Go, vas-y, j’essaie.” Depuis, je n’ai jamais arrêté.» Et n'a jamais cessé de stopper les attaquantes adverses.

La Servettienne a d’abord fait ses armes avec les garçons au sein du club lausannois, évoluant en parallèle avec les équipes féminines de l’ACVF. Son parcours l’a emmenée jusqu’en 2e ligue inter, au Concordia Lausanne, avant de faire le grand saut jusqu’au bout du lac à l’été 2022. Évoluant d’abord avec les M19 de Servette Chênois, Amina Muratovic a disputé ses premières minutes dans l’élite le 22 avril 2023 contre le FC Aarau. Elle n’avait alors que 16 ans. Mais, dans l’effectif le plus fourni du championnat suisse, compliqué de se faire sa place.

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Les choix du coach l'ont desservie

«Disputer le Championnat d’Europe en Suisse, je ne vais pas mentir, c’était clairement un objectif.» La saison dernière avait pourtant très bien commencé pour elle, notamment avec un match référence sur la pelouse de l’AS Rome lors des qualifications pour la Ligue des championnes. «Je jouais beaucoup, mais, après la trêve hivernale, j’ai eu moins de temps de jeu. C’était la dernière ligne droite avant l’Euro et j’ai compris que ça allait être plus compliqué. Mais c’est le foot, le coach (ndlr: Jose Barcala), ses choix, ses décisions.» Pas de convocation de la part de Pia Sundhage, avec qui elle n’a jamais eu contact.

Confrontée à une forte concurrence au sein du SFCCF, la défenseure centrale n’est pas (encore) titulaire indiscutable. Elle a toutefois encore franchi un palier cet été, lui permettant d’avoir de plus en plus de temps de jeu sous la houlette du nouvel entraîneur, Cristian Toro. Sa polyvalence n’y est pas étrangère. Elle peut également jouer comme latérale ou comme milieu défensive. «Une fois, en équipe de Suisse junior, j’ai même joué en tant que No 9. Mais je pense que le poste qui me correspond le plus, c’est derrière, dans l’axe.» Un secteur de jeu où la Nati manque cruellement de monde.

La Bosnie s'intéresse à elle

Eman Kospo et Leon Avdullahu et Albian Hajdari ont tous, récemment, choisi de ne pas défendre les couleurs de l’équipe de Suisse. Amina Muratovic possède également le passeport français et bosnien. Mais elle ne pense qu’à défendre le maillot rouge à croix blanche. «La Bosnie m’a déjà contactée pour jouer avec l’équipe A, mais mon objectif, c’est de jouer pour la Nati. Représenter le pays dans lequel j’ai grandi serait une fierté. Il n’y aurait pas plus grand accomplissement pour moi.» Au bénéfice d’un contrat jusqu’en 2027 avec Servette Chênois, des clubs étrangers la surveilleraient de près.

Contrairement à de nombreuses jeunes internationales helvétiques, la Vaudoise n’est pas passée par le centre de formation de Bienne ou par les M16 ou M17. «Je n’étais tout simplement pas sélectionnée.» Elle a effectué ses débuts sous les drapeaux en M19, portant à 19 reprises le maillot helvétique junior. Comme il n’y a pas d’équipe de Suisse féminine M21, elle doit désormais se montrer patiente avant de devenir une coéquipière de Lia Wälti et Géraldine Reuteler.

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Etudiante en Bachelor

Malgré tout, Amina Muratovic garde les pieds sur terre et ne veut pas brûler les étapes. «Mon objectif est déjà de gagner une place de titulaire avec Servette et de continuer à travailler pour être convoquée en équipe de Suisse A», explique celle qui effectue, en parallèle de sa carrière de footballeuse, un Bachelor en commerce et business. Concilier les deux n’est pas toujours évident. «Les cours à distance, pour se motiver seule, ce n’est pas toujours facile», avoue la footballeuse.

Son rêve? La Super League anglaise. Son club de cœur? Manchester City. Là où évolue une certaine Iman Beney, qui a trois mois de différence d’âge avec Amina Muratovic. «C'est quelqu'un avec qui je m'entends super bien. Il est prévu que j’aille à Manchester pour voir un match.» De quoi lui donner encore plus d’étoiles dans les yeux afin de décrocher la lune.

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