«C'était un travail d'initié»
Unité d'élite ou grand banditisme? Les premières pistes du vol au Louvre

En seulement quatre minutes, plusieurs voleurs ont dérobé des bijoux d'une «valeur inestimable» dans le musée du Louvre à Paris. L'expert suisse en droit de l'art Andrea Raschèr soupçonne un travail de professionnel.
Publié: 06:40 heures
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Dernière mise à jour: 06:48 heures
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Le musée du Louvre a été le théâtre d'un spectaculaire vol de plusieurs millions de dollars ce dimanche 19 octobre.
Photo: Screenshot
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Martin Meul

Arsène Lupin aurait applaudi. Ce dimanche 19 octobre, quatre voleurs se sont emparés d'une partie du trésor national de la France lors d'une attaque éclair au musée du Louvre à Paris. Dans leur butin se trouvaient, entre autres, neuf pièces des bijoux de Napoléon.

Selon les premières constatations, le cambriolage a commencé vers 9h30. Les malfaiteurs sont entrés dans le musée grâce à une nacelle. Deux d'entre eux se sont ensuite fait passer pour des ouvriers du musée en portant des gilets de sécurité. Au micro de TF1, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, a déclaré que l'opération n'avait duré que «quatre minutes».

Des professionnels à l'œuvre

Pour l'expert suisse en droit de l'art Andrea Raschèr, cela ne fait aucun doute: «Ce sont des professionnels aguerris, particulièrement bien organisés. Celui qui veut mener à bien une telle action a besoin d'un bon timing, d'une très bonne logistique et d'une excellente organisation», déclare-t-il dans une interview avec Blick.

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L’opération suggère l’intervention d’anciens membres d’unités spéciales ou de figures importantes du grand banditisme
Andrea Raschèr, expert suisse en droit de l'art
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De simples voleurs ne seraient pas en mesure de mener à bien un tel vol. «L’opération suggère l’intervention d’anciens membres d’unités spéciales ou de figures importantes du grand banditisme», poursuit Andrea Raschèr.

Il rappelle le vol de bijoux du musée de Dresde, en Allemagne, en 2019: des cambrioleurs s'étaient alors introduits dans la Voûte verte emblématique du lieu et avaient dérobé en quelques minutes onze bijoux et de nombreuses pièces détachées en diamants. La somme du trésor? Environ 113 millions d'euros.

Cinq membres de la grande famille berlinoise Remmo qui, avec ses quelque 500 membres, compte parmi les clans les plus criminels d'Allemagne, ont ensuite été condamnés. Une grande partie du butin a refait surface en 2022, mais était en grande partie endommagé.

Deux scénarios sont possibles

Pour l'heure, les auteurs n'ont pas pu être arrêtés et le sort du précieux butin reste donc incertain. Selon Andrea Raschèr, deux scénarios sont envisageables. «Si ces voleurs ne s’intéressent qu’à l’argent, les bijoux seront probablement démontés et les pièces fondues puis revendues, explique Andrea Raschèr. Ceux qui réussissent un tel vol ont souvent déjà un acheteur.»

Autre hypothèse: le vol a été commandité. «Dans ce genre de cas, les commanditaires cherchent uniquement à posséder des pièces uniques, même s’ils ne peuvent les montrer qu’à un cercle très restreint. Cela leur procure un sentiment de pouvoir et de supériorité.»

Si ce second scénario s’avère exact, il reste une chance que les objets refassent surface un jour et en bon état, par exemple si le collectionneur venait à mourir et que ses héritiers décidaient de restituer les pièces. Ce processus pourrait prendre des années, mais serait toujours préférable à leur destruction totale.

L'erreur est humaine

Même si ce cambriolage-éclair témoigne d'un grand professionnalisme, il reste un espoir. «Le facteur critique reste toujours l'homme. Il y a toujours un maillon faible dans un groupe, et si celui-ci commet une erreur, les enquêteurs peuvent s'y raccrocher», met en avant l'expert.

Un autre aspect du cambriolage pourrait constituer un début de piste: selon l'enquête, les voleurs sont entrés au Louvre en passant par un chantier. «Cela suggère fortement qu'ils avaient des complices, confie Andrea Raschèr. Il va falloir mener l'enquête au sein du Louvre et auprès des entreprises de construction partenaires.»

Aucun musée n'est entièrement sûr

Un système de sécurité 100% fiable n'existe dans aucun musée. «Il serait donc injuste de pointer le Louvre du doigt, déclare l'expert. Chaque musée est tiraillé entre la sécurité et l'accessibilité des pièces exposées.»

C'est ce que montrent d'innombrables exemples du passé. En 1911, l'artisan italien Vincenzo Peruggia a volé la «Joconde» au Louvre et l'a cachée pendant deux ans avant qu'elle ne réapparaisse à Florence. En 2004, deux hommes armés ont pris d'assaut le musée Munch à Oslo et se sont emparés des célèbres tableaux «Le Cri» et «La Madone». Leur valeur? Environ 75 millions d'euros. Lorsque les tableaux ont été retrouvés deux ans plus tard, ils étaient en très mauvais état.

En Suisse aussi nous avons nos cambrioleurs. Le vol du musée Bührle à Zurich en 2008 avait fait les gros titres: quatre tableaux d'une valeur de 180 millions de francs avaient été volés. Ils ont tous pu être retrouvés par la suite.

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