Le secteur bancaire a longtemps été synonyme de conditions idylliques. La position particulière des banques est toutefois en train de s'effriter. Certes, les échelons supérieurs, comme les conseillers à la clientèle ou les domaines hautement spécialisés, continuent d'être bien rémunérés. Mais au niveau des directeurs de banque, les salaires sont sous pression.
Des salaires élevés à Credit Suisse
Les directeurs se trouvent au centre de la hiérarchie du secteur bancaire suisse. En dessous d'eux se trouvent associés, les vice-présidents et les senior vice-présidents. Tandis qu'au-dessus d'eux se trouvent les executive directors, les managing directors et les membres du conseil d'administration.
Au Credit Suisse, un directeur touchait un salaire d'environ 200'000 francs par an. Dans le milieu bancaire, c'est un secret de polichinelle que la banque aujourd'hui disparue rémunérait très bien ses employés – mieux qu'UBS, Raffeisen, les banques privées ainsi que les banques cantonales.
Des salaires appartenant au passé
Bientôt trois ans après l'effondrement de CS, la pression sur les salaires s'est accentuée. Blick s'est entretenu avec plusieurs anciens employés de Credit Suisse qui ont retrouvé un emploi à l'UBS, dans une autre banque, ou qui sont à la recherche d'un emploi.
Les salaires élevés que Credit Suisse pouvait verser aux directeurs de banque sont de l'histoire ancienne. Dans d'autres établissements, les fourchettes de salaires se situent entre 150'000 et 170'000 francs. Avec une tendance à la baisse. A la banque privée Julius Bär, les salaires à ce niveau de responsabilité tourneraient plutôt entre 130'000 et 140'000 francs. Des informations qui n'ont toutefois pas été confirmée par la porte-parole, qui n'a pas souhaité s'exprimer sur la question.
Un secret bien gardé
Michael von Felten est président de l'Association suisse des employés de banque (ASEB), le syndicat des banquiers. Il déclare: «Les fourchettes de salaires des banques sont un secret bien gardé.»
Pour lui, il est toutefois clair que «la pression sur les employés de banque a sans aucun doute augmenté». Selon lui, cela n'est pas uniquement dû à la disparition de Credit Suisse, qui a obligé de nombreux employés à se réorienter. «D'autres banques ont également supprimé des postes, ce qui aggrave la situation, même pour les personnes bien qualifiées.»
Les banques peuvent dicter les conditions
Les banques sont actuellement aux commandes. Comme il y a toujours plus de candidats pour un poste, elles peuvent dicter les conditions. Un coup d'œil sur les statistiques mensuelles des offices de l'emploi montre à quel point la situation a changé.
Dans le canton de Zurich, le nombre de chômeurs est globalement en hausse depuis trois ans. Cette semaine, l'Office du travail a annoncé un nouveau record négatif dans le secteur bancaire avec 1273 banquiers au chômage – une augmentation de 100% par rapport à 2022.
L'ASEB réalise tous les deux ans des enquêtes sur les salaires. Michael von Felten affirme que les résultats de l'enquête ne montrent pas de «pression générale» sur les salaires. Toutefois, il explique aussi que les établissements financiers n'ont «majoritairement pas accordé d'augmentation générale des salaires» ces dernières années. C'est pourquoi une «partie significative» des employés a dû accepter une baisse des salaires réels.
Les salaires augmentent à l'Etat
Alors que les salaires sont sous pression dans le secteur bancaire, ils augmentent à l'Etat. L'année dernière, ils ont franchi un nouveau seuil. Les employés fédéraux gagnent en moyenne plus de 130'000 francs par an. Depuis 2020, les salaires ont augmenté de 5%. L'écart entre les salaires du secteur privé et ceux de l'administration ne cesse de se creuser. Selon une étude de l'Université de Lucerne datant de 2023, l'écart salarial est de 11,6% en faveur du secteur public.
Celui qui veut voir ses revenus augmenter à meilleur temps de se tourner vers l'Etat. C'est ce que montre également un coup d'œil sur les salaires annuels de base que reçoivent les enseignants de l'école obligatoire dans le canton de Zurich. Les enseignants du primaire et du jardin d'enfants touchent un salaire de départ de 98'915 francs. Après dix ans, ils touchent déjà plus de 130'000 francs. Et ils peuvent gagner jusqu'à 158'841 francs. A l'école secondaire, le salaire maximal est de 181'898 francs par an.
Pas de salaire minimum pour les directeurs
Certes, il existe également un salaire minimum dans le secteur bancaire. Celui-ci s'élève à 58'000 francs et sert surtout de salaire d'entrée pour les diplômés de commerce. En revanche, il n'existe pas de salaire minimum pour les banquiers au niveau de la direction.
L'Association suisse des employés de banque veut changer cela: «Nous nous engageons pour que les directeurs soient soumis à la convention collective de travail et soient représentés dans les commissions du personnel, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», explique Michael von Felten.
Selon lui, de nombreuses personnes ont une image erronée des banquiers au niveau de la direction. «Il s'agit souvent de chefs d'équipe qui n'ont guère de marge de manœuvre. Ils appliquent ce qui vient d'en haut. Ils forment pourtant la colonne vertébrale d'une organisation sans laquelle rien ne serait possible.»