Le choc fut grand sur les marchés pétroliers dimanche matin, lorsque les Etats-Unis ont bombardé des installations nucléaires en Iran: le prix du baril de Brent a bondi de 10 dollars en quelques heures, faisant craindre une flambée des prix à la pompe – à quelques semaines des vacances d’été. Certains spécialistes économiques ont même envisagé un scénario de choc tarifaire.
Mais depuis, le vent a radicalement tourné. Le baril, qui avait grimpé à plus de 85 dollars dimanche, a depuis chuté de 20% pour s’établir ce mercredi à un peu plus de 67 dollars – soit à un niveau inférieur à celui d’avant le début du conflit au Proche-Orient, survenu il y a douze jours. En cause: la réaction modérée du marché face à la riposte symbolique de l’Iran contre une base américaine au Qatar. «Le détroit d'Ormuz semble hors d'atteinte dans le conflit. Mais la rapidité de la chute des cours (intervenue mardi) rend difficile toute prévision, le marché ayant tendance à surréagir», avertit Kathleen Brooks, du courtier XTB.
«La situation reste très instable. Si de nouveaux signes indiquent que le cessez-le-feu ne tient pas, les prix du pétrole pourraient reprendre leur dynamique haussière, dans des marchés très sensibles au risque», estime-t-elle. Pour autant, dans l'immédiat, «alors que le Brent avait progressé de près de 20% sur le mois passé, la prime de risque liée à la guerre qui gonflait les prix est en train de s'évanouir», estime Kathleen Brooks.
Les théories du complot fusent
La forte baisse du pétrole, à rebours des attentes, a alimenté les théories du complot. Sur X, des internautes s’interrogent: comment expliquer une telle chute des prix alors que l’Iran attaque les Etats-Unis et leurs bases?
Un analyste cité par le «Financial Times» livre une explication plus rationnelle: «Tout cela a été orchestré», affirme-t-il, en référence à la riposte iranienne contre la base américaine au Qatar. Un acte qu’il juge purement symbolique. «Je savais depuis le 18 juin que la base était vide», ajoute-t-il.
Les marchés ont rapidement compris que l’attaque de Téhéran n’aurait qu’une portée politique. Les traders ont donc massivement vendu, faisant chuter le baril. La baisse actuelle n’a donc rien d’un complot: elle reflète surtout une lecture lucide de la situation géopolitique par les investisseurs.