Après l'accord douanier
Délocaliser l’or suisse? Le secteur réagit aux exigences de Trump

En échange d'un droit de douane réduit, le président américain Donald Trump exige que les raffineries d'or suisses délocalisent une partie de leur production aux Etats-Unis. Mais comment le secteur de l'or réagit-il à cette demande?
Publié: il y a 33 minutes
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La délégation économique suisse dans le bureau ovale. Un lingot d'or leur a été offert en guise de cadeau.
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Céline Zahno

Lorsque le président américain Donald Trump reçoit un groupe de dirigeants économiques suisses, un lingot d’or dédicacé apparaît sur sa table dans le Bureau ovale. Peu après la rencontre, la Suisse obtient un accord douanier avec les Etats-Unis: le taux passera de 39 à 15%.

Ce cadeau protocolaire revêt une forte portée symbolique. C’est en effet le commerce du métal précieux qui a creusé le déficit commercial des Etats-Unis envers la Suisse – et qui a notamment conduit aux droits de douane élevés. En échange de cette réduction tarifaire, la Suisse devra toutefois augmenter la transformation d’or sur le sol américain, selon le représentant au commerce, Jamieson Greer.

L'extension est-elle vraiment pertinente?

Cet été encore, lorsque l’ancien diplomate Thomas Borer avait évoqué une possible délocalisation des fonderies d’or aux Etats-Unis, les fabricants suisses s’étaient montrés sceptiques, rappelait la «NZZ». Selon Christoph Wild, président de l’Association suisse des métaux précieux (ASMP), la création de capacités supplémentaires aux Etats-Unis n’a qu’une pertinence limitée.

Après l’accord, le métal précieux suisse affluera-t-il vers Trump? Interrogé, Christoph Wild souligne que l’industrie reste ouverte à des solutions créatives pour réduire le déficit commercial, dit-il à Blick. «Mais nous devons analyser avec précision ce qui est économiquement raisonnable.»

Si la rentabilité est au rendez-vous, le secteur est prêt à développer des capacités aux Etats-Unis. Mais Christoph Wild rappelle également l’existence de surcapacités significatives dans le monde. Il note en outre que les excédents d’exportation sont des phénomènes historiques exceptionnels – et que le label Swiss Made constitue un atout compétitif essentiel pour l’or.

Christoph Wild insiste sur la nécessité, dans un premier temps, de bien cerner les contours de l’accord. «Si les Etats-Unis nous accueillent favorablement, cela peut tout à fait devenir une réussite.» Il évoque, par exemple, d’éventuels allégements fiscaux. «Je m’en réjouirais évidemment. Et aucune entreprise ne refuserait un bon business plan.»

Des plans concrets de raffineries

Selon la «NZZ», certains raffineurs suisses disposent déjà de plans concrets pour augmenter leurs capacités sur le marché américain. C’est notamment le cas de MKS Pamp, qui étudie des pistes d’expansion aux Etats-Unis, selon un expert cité. D’autres raffineries envisageraient également des projets à moyen ou long terme.

Mais pour Christoph Wild, il n’est pas question de quitter la Suisse. Les capacités installées dans le pays continueront d’être renforcées. Les activités américaines seront simplement «rapprochées du client».

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