Ce n'est que la deuxième fois de sa carrière que Froome dispute le Tour de Suisse après 2011. A l'époque, il était un équipier dans la formation Sky. Ce n'est qu'après qu'il est devenu un multiple vainqueur. Dès 2013, il a dominé les Grands Tours durant cinq ans, remportant le Tour de France (2013, 2015, 2016, 2017), le Tour d'Italie (2018) et le Tour d'Espagne (2017). Son succès spectaculaire sur le Giro en mai 2018 a été son dernier grand exploit.
«Quand j'étais jeune et que j'envisageais une carrière dans le vélo, mon plus grand rêve était de gagner le Tour de France», a dit Froome le week-end dernier à Küssnacht. Le natif du Kenya a tout mis en oeuvre pour atteindre cet objectif.
Optimiser ses performances
Avec son team Sky, ils ont cherché inlassablement tout moyen d'optimiser les performances. Avec succès. Gagner plusieurs fois la plus importante course cycliste de l'année, «cela a changé ma vie», admet le Britannique. «Ces victoires sont devenues une partie de mon identité. Quand je me retourne sur le passé et ce que j'ai réussi, je suis très fier et aussi très heureux.»
Depuis le Giro 2018, Froome n'a plus jamais rien gagné. «Sept ans, c'est évidemment très long», glisse le quadragénaire. Mais à la lumière de ses victoires passées, ce qu'il montre maintenant n'est plus décisif. Le champion revient par ailleurs de très loin, après sa terrible chute au Dauphiné en juin 2019. Cet accident marque une vraie rupture dans sa carrière.
Relevé avec de multiples blessures (cuisse, hanche, coude, côtes et cou) qui ont nécessité des opérations et une longue convalescence, Chris Froome n'a jamais ensuite même pu se rapprocher de son niveau d'avant. Il n'a pu remonter sur un podium en World Tour qu'une seule fois, le 14 juillet 2022 en finissant troisième de la 12e étape du Tour de France à l'Alpe d'Huez.
La passion avant tout
Quelle peut donc être sa motivation, en plus du salaire princier que lui verse l'équipe Israel-Premier Tech jusqu'au terme de l'année? Sa réponse est très professionnelle. «J'aime juste ce que je fais. J'aime être sur le vélo et disputer des courses», dit-il, avant de poursuivre en expliquant courir pour ses deux enfants. «Ils sont à un âge où ils sont influençables et regardent de près ce que je fais. Je veux donc leur donner un bon exemple.»
Mais l'ancien dominateur du peloton ne court plus très souvent. Le Tour de Suisse n'est que son troisième rendez-vous cette saison, après l'UAE Tour en février et le Tour des Alpes en avril. Jamais il ne s'est classé parmi les 70 premiers. Son objectif sur les routes suisses est dès lors «de retrouver le mode course.»
«Les choses changent vite»
Avec dans le viseur un dernier Tour de France? «Qui sait? Mais en fait, je serais même déjà très heureux de suivre cette course grandiose sur place en tant que fan», dit celui qui pourrait bien mettre fin à sa carrière au terme de la saison.
Quel est l'avis du Britannique sur Tadej Pogacar, qui est devenu l'homme fort des pelotons? «Il réussit des choses extraordinaires, dans les courses d'un jour comme dans celles par étapes. Pour le moment, il ne semble pas que quelqu'un puisse le battre. Mais les choses changent parfois vite dans le vélo», explique Chris Froome, qui en est bien conscient depuis sa chute du 12 juin 2019.