Marco Odermatt est en piste depuis près de 26 secondes sur la descente de la «Birds of Prey» lorsque Marc Gisin, chef de course suisse de Stöckli, serre pour la première fois le poing dans l’aire d’arrivée. Le Nidwaldien est certes en retard au premier intermédiaire, mais seulement de neuf centièmes sur le héros local Ryan Cochran-Siegle, plutôt surprenant leader provisoire. Un bon signe: ces dernières années, Marco Odermatt concédait régulièrement trois dixièmes ou plus dans cette section de départ extrêmement plate. C’est d’ailleurs cette faiblesse qui l’a cantonné à deux reprises à la deuxième place.
Cette fois, cependant, le skieur de 28 ans est inarrêtable. Dans le deuxième secteur, il reprend six dixièmes à Ryan Cochran-Siegle, et en compte encore trois d’avance à l’arrivée.
Un exploit rare, accompli par un seul homme avant lui
En plus de signer son premier succès en descente à Beaver Creek et sa 48e victoire en Coupe du monde, la superstar du lac des Quatre-Cantons réalise un exploit qu’un seul athlète avait réussi avant lui: remporter trois courses d’ouverture dans trois disciplines différentes. À Sölden, Marco Odermatt a remporté le premier géant de l’hiver olympique, à Copper Mountain le premier super-G, et désormais il décroche aussi la première descente de la saison.
«Mercredi soir, ça m’a traversé l’esprit d’un coup: je pouvais gagner les trois courses d’ouverture. Je me suis demandé si je ne serais pas le premier à le faire», raconte-t-il. En réalité, c’est Bode Miller qui avait réussi ce triplé le premier, lors de la saison 2004/05. Mais Marco Odermatt devient le premier à dompter la vertigineuse pente raide de Beaver Creek avec un tel brio. «Oui, mon passage dans la pente raide était presque parfait. Mais je ne me suis jamais senti aussi bien dans la section de départ, en grande partie grâce à mon technicien Ivo Zihlmann».
Une terrible chute assombrit la fête
En pleine interview avec Blick, Marco Odermatt sursaute soudain. Sur l’écran géant de l’aire d’arrivée apparaît l’accident effroyable du Slovène Rok Aznoh. «Mince, ça n’a pas l’air bon du tout», lâche-t-il, visiblement choqué. Le dossard 58, 23 ans, champion du monde juniors 2023, s’est écrasé à 110 km/h dans les filets après une faute dans un virage.
Il faut près d’une demi-heure pour secourir Rok Aznoh et l’évacuer vers l’hôpital sur un traîneau de sauvetage. Aucun diagnostic précis ne tombe immédiatement, mais Christian Höflehner, chef de course chez Atomic, son équipementier, apporte une lueur d’espoir: «Rok était conscient et réagissait pendant l’évacuation. Cela nous laisse espérer qu’il s’en sortira sans trop de dégâts».
Quelques heures plus tard, l’hôpital de Vail transmet une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne nouvelle: malgré la violence du crash – lors duquel son casque s’est même détaché –, Rok Aznoh ne souffre d’aucune blessure grave à la tête ou au cou. Mauvaise nouvelle: le ligament croisé antérieur du genou droit est rompu et le ménisque est endommagé. L’hiver olympique est donc déjà terminé pour lui.
Niels Hintermann marque ses premiers points
Le champion du monde de descente Franjo von Allmen manque le podium de 16 centièmes. Mais le Bernois de l’Oberland se satisfait de cette quatrième place. «Après le deuxième entraînement, j’étais complètement déboussolé, je n’avais aucune sensation. Alors oui, je suis content de ce résultat».
Niels Hintermann, lui aussi, a de quoi sourire. Pour sa première participation à une course de Coupe du monde depuis son cancer, il prend la 20e place, plus rapide que le vainqueur sortant Justin Murisier, et récolte 11 points. Coup du sort: avec le dossard 1, le Zurichois a été nettement désavantagé, surtout dans la section plate du départ. Mais dans les deux derniers tiers du tracé, le skieur de 30 ans a réussi à tenir le rythme des meilleurs.
«C’était une course difficile pour moi», confie Niels Hintermann. «Pratiquement tous les coureurs et les entraîneurs m’ont souhaité bonne chance dans l’aire de départ. D’un côté, ça m’a beaucoup touché, mais ça m’a aussi rendu encore plus nerveux. Je ne suis pas mécontent de ma performance. Avec de meilleures conditions sur le départ, j’aurais peut-être pu entrer dans le top 15».