L’idylle dans la patrie d’Alexis Monney, est trompeuse. Assis au bord du lac des Joncs, le double médaillé des championnats du monde raconte une histoire glaçante: «Ce lac est certes très petit, mais il est extrêmement profond. Il y a une vingtaine d’années, un homme a voulu y faire de la plongée sous-marine. Il n’est jamais remonté à la surface. Depuis, il est strictement interdit de se baigner ici.»
À quelques pas du lac, se trouve le domaine skiable où Alexis Monney a fait ses premières armes en slalom géant.
Son père, Louis, qui a été entraîneur pour Swiss Ski jusqu’au début des années 2000, se souvient: «Alexis avait environ quatre ans lorsqu’il a été autorisé à prendre le départ de la course des écoliers en tant que coureur de tête. Malheureusement, une seule course ne lui suffisait pas. Au beau milieu de la compétition, il s’est élancé dans le parcours encore et encore. Pour éviter une collision avec un autre coureur, la course a dû être interrompue.»
«Nous avons fait quelques bêtises dans notre jeunesse»
Alexis sourit, malicieux, en évoquant ses jeunes années: «En hiver, je passais pratiquement chaque minute libre sur les pistes avec mes amis. Nous faisions quelques bêtises.» Quelles bêtises exactement? «Cela restera mon secret», répond-il avec un clin d’œil.
Aujourd’hui, Alexis Monney vit à quelques minutes en voiture du lac des Joncs, à Châtel-Saint-Denis: «Je ne peux pas m’imaginer vivre ailleurs. Le paysage est magnifique et paisible. Et les gens continuent à me traiter comme avant ma première victoire en Coupe du monde.»
Ce premier triomphe, le Romand l’a remporté à Bormio. Trois semaines plus tard, il a de nouveau goûté au podium en terminant deuxième de la descente du Hahnenkamm à Kitzbühel. Après avoir décroché le bronze en descente et l’argent en combiné par équipe (avec Tanguy Nef) aux Championnats du monde de Saalbach, le Fribourgeois s’est encore illustré à Crans-Montana avec deux podiums supplémentaires (2e en super-G, 3e en descente).
Un moment difficile avec 150 enfants
Mais Alexis Monney ne cache pas qu’il a vécu un moment délicat à Crans-Montana, hors des pistes: «C’est formidable que tant de personnes en Suisse s’intéressent au ski. Mais l’engouement était extrême. Après le deuxième entraînement, il m’a fallu une heure pour parcourir la courte distance entre la zone d’arrivée et le parking.»
Lors de la préparation de la compétition des Championnats du monde, un épisode l’a particulièrement marqué: « En voulant me rendre de l’équipe Hospitality au téléski, 25 minutes avant le départ, 150 enfants se sont retrouvés sur mon chemin. Chacun voulait un selfie avec moi. J’aurais adoré accéder à leur demande, mais j’aurais raté le départ. J’ai donc dû dire non, et ça m’a fait mal.»
Interdiction du portable après la fête du Hahnenkamm?
Le lendemain de sa superbe descente à Kitzbühel, Alexis Monney a de nouveau été confronté à la célébrité: «Les photos de notre fête dans un pub étaient déjà en ligne quand je me suis levé. Je me suis dit: 'Oh non, ça va encore me valoir des critiques.'»
En effet, il a reçu quelques messages peu amènes. Mais Monney ne compte pas changer sa manière de célébrer un podium: «Si je ne peux pas fêter une place sur le podium de la descente la plus célèbre du monde, je ne comprends plus rien. Peut-être que le patron du pub devrait interdire les téléphones portables.»
L’entraîneur reste prudent
Alexis Monney pourrait encore avoir des raisons de faire la fête après le super-G de jeudi à Copper Mountain. Son entraîneur, Reto Nydegger, reste cependant prudent: «Après cette préparation, je ne sais pas exactement où en est Alexis. Il y a eu des entraînements très rapides, mais aussi des séances moyennes. C’était pareil l’année dernière, et je n’aurais pas parié 100 francs sur un top 3 d’Alexis avant la saison… et j’aurais perdu!»
La championne olympique de descente Corinne Suter est, elle, sans compromis: «Je suis totalement fascinée par son style de course tranquille. Alexis est mon grand favori pour l’or olympique!» Son pronostic pourrait bien se vérifier: la descente olympique de février se déroulera sur la piste où Alexis Monney a triomphé l’hiver dernier, le Stelvio à Bormio.