Tanguy Nef a déjà réalisé une performance exceptionnelle à Levi. En novembre 2018, le Genevois s'était classé onzième de sa toute première course de Coupe du monde, avec le dossard 40. Des superstars comme Marco Odermatt ou Marcel Hirscher n'ont pas réussi à se classer dans le top 15 lors de leur première Coupe du monde.
L'hiver suivant, Nef s'était classée pour la première fois dans le top 10 à Adelboden (sixième) et à Wengen. Mais le Romand a découvert ensuite le côté obscur du cirque blanc.
Rétrogradation et maladie
Le spécialiste du slalom, qui a étudié l'économie et l'informatique à Dartmouth (Etats-Unis), a touché le fond lors de la saison 2022/23. Cette saison-là, il n'a pas marqué de point lors de huit de ses neuf slaloms couru! Après cette série d'échecs, le fils d'un professeur d'université a été rétrogradé de l'équipe de Coupe du monde au groupe de Coupe d'Europe.
Pire encore: Nef a contracté une maladie de Lyme. «J'ai réussi à faire disparaître la maladie de Lyme en prenant des antibiotiques, mais j'ai ensuite souffert d'un manque d'énergie. Et je n'ai pas été vraiment performant pendant une longue période.»
Le conseil de Neureuther
Néanmoins, Tanguy Nef a posé les jalons d'un avenir plus prospère durant cette phase. Il est passé des skis Head aux skis Atomic, sur lesquels il s'est tout de suite senti plus à l'aise. De plus, sous la houlette de l'entraîneur de Coupe d'Europe de l'époque, Wolfgang Auderer, l'ancien champion de ski à fond a appris qu'il fallait aussi faire preuve de tactique en slalom.
«Ce n'était pas facile pour moi au début. J'ai un fort caractère et je veux toujours accélérer sans faire de compromis. Mais Wolfi m'a fait comprendre que j'avais besoin de résultats constants dans les points pour pouvoir progresser dans la liste de départ. A un moment donné, j'ai pris cela à cœur, d'autant plus que le grand Felix Neureuther m'a dit un jour qu'en slalom, il ne fallait pas toujours skier à 100% pour avoir du succès.»
Malentendu avec son père
Cette stratégie permis à celui qui a des racines appenzelloises d'aller loin l'hiver dernier. Notamment lors des championnats du monde! Après s'être classé dans le top 9 de sept des douze slaloms de Coupe du monde, Tanguy Nef occupe la neuvième place dans la liste actuelle de la World Cup. Il est donc assuré d'avoir un numéro de dossard compris entre 8 et 15 pour le début de l'hiver olympique.
Lors du slalom des championnats du monde, Tanguy a toutefois dérouté le chef de sa famille avec cette tactique. «Après avoir terminé 7e de la première manche, papa, dans les tribunes, s'attendait à ce que je prenne tous les risques lors de la manche finale. Mais comme mon retard était d'une seconde et demie, j'ai compris que même avec une course de rêve, je ne serais plus classé or ou argent. C'est pourquoi j'ai géré dans cette course, afin qu'une place dans le top 10 me permette de gagner à nouveau des points importants pour la liste de départ. Et ça, papa ne l'a pas compris au début.»
Après cette course, Nef a eu une discussion avec son aîné. «Mon père ne savait pas que le résultat des Championnats du monde avait également un impact sur la liste de départ de la Coupe du monde. Après que je lui ai expliqué cela, il a qualifié ma façon de skier de «maligne».»
Vers un podium à Levi?
Ces malentendus ont également existé par moments entre Tanguy et ses coéquipiers. Au début, le jeune homme de 29 ans n'avait pas d'amis au sein du groupe suisse de slalom. «C'était aussi dû au fait que je suis arrivé dans l'équipe à un moment où j'étudiais encore en Amérique», explique Nef. «Je n'étais pas là lors de la préparation de la saison, où se forme également l'équipe. Je ne connaissais pas assez bien mes coéquipiers. De plus, j'étais très jeune et je n'ai pas fait certaines choses correctement parce que je ne savais pas mieux.» Mais l'eau a coulé sous les ponts. «Tanguy s'est entre-temps très bien intégré dans notre équipe, je m'entends très bien avec lui après un scepticisme initial», déclare Daniel Yule.
Depuis les derniers Championnats du monde, Tanguy Nef a un lien particulièrement fort avec le spécialiste de la vitesse Alexis Monney, avec lequel il a remporté la médaille d'argent en combiné par équipe. «J'ai eu tellement de plaisir avec Alexis ce jour-là. Les merveilleuses émotions qui ont suivi cette médaille vont probablement continuer à nous lier au-delà de notre carrière de coureurs.»
Pour le Genevois, le slalom de Levi de dimanche prochain pourrait également contenir des émotions particulières. «Tanguy a skié très vite lors des derniers entraînements», déclare le vétéran du slalom haut-valaisan Didier Plaschy. Le Romand est particulièrement à l'aise sur la neige finlandaise, comme il l'a prouvé l'année dernière en terminant cinquième. Il serait donc logique que Tanguy Nef obtienne son premier podium en Coupe du monde à Levi.