«Ça ne sert à rien de chercher des excuses»
Autopsie d’un week-end noir pour les Suissesses

Week-end noir pour la vitesse suisse féminine. Résultats historiquement faibles, absences majeures, pression grandissante: Beat Tschuor, l'entraîneur en chef, fait le point.
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L'entraîneur en chef Beat Tschuor n'est pas satisfait des 18e (samedi) et 20e (dimanche) rangs. Il analyse toutefois la situation avec lucidité.
Photo: ANDREA SOLTERMANN
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Mathias Germann

Le mauvais week-end des Suissesses dans les disciplines de vitesse continue de faire des vagues. Et c’est logique. Les 18e et 20e places comme meilleurs résultats en descente et en super-G sont historiquement mauvaises. «Ce n’est clairement pas notre ambition», reconnaît l’entraîneur en chef des femmes, Beat Tschuor. D’où l’importance d’identifier les raisons de ce naufrage.

Les plus évidentes sautent aux yeux: Lara Gut-Behrami manque à l’appel, Michelle Gisin aussi, tout comme Corinne Suter. La Schwytzoise était pourtant plus rapide aux entraînements d'avant-saison que Lindsey Vonn. «Chercher des excuses ne sert à rien», tranche Tschuor. «Et l’apitoiement serait la pire des réactions. Tout le monde est concerné: les athlètes, mais également l’ensemble du staff.»

Le fait que plusieurs Suissesses soient loin de leur meilleur niveau est indéniable. Il y a toutefois eu quelques signaux positifs. Jasmine Flury est de retour après une lésion du cartilage et deux ans d’absence, avec déjà des performances solides. Même constat pour Delia Durrer, freinée par des douleurs au dos durant l’été. Malorie Blanc s’est, elle, montrée convaincante à St. Moritz, mais a payé son manque d’expérience à Val d’Isère (Fr).

Le doute s’invite dans les skis

L’accident violent de Gisin, survenu il y a dix jours, a particulièrement marqué le groupe. Elle s’est rompue le ligament croisé, blessée à la main et a probablement frôlé la paralysie en raison de fractures aux vertèbres cervicales. Un choc émotionnel pour l’équipe, tant Gisin est appréciée pour son sens de l’entraide. «Mais chacune doit malgré tout se concentrer sur elle-même», rappelle Tschuor.

Une chose est sûre: cette nouvelle pression n’est pas sans effet sur les skieuses. «Elles la ressentent sans doute surtout de manière inconsciente», analyse l’entraîneur. À Val d’Isère, un constat a frappé: presque toutes les Suissesses ont perdu beaucoup de temps dans les sections de glisse. Un problème structurel? Tschuor nuance. «J’étais précisément posté dans le secteur du super-G où nous avons concédé du temps. Il manquait de la conviction et de la détermination. Les doutes accumulés ces dernières semaines étaient perceptibles.»

Le podium comme horizon, à nouveau

Tschuor ne se plaint pas. Sa ligne directrice est claire: travailler, instaurer la confiance, augmenter la vitesse et améliorer les résultats. «Après de nombreuses années fastes, nous devons actuellement revoir nos ambitions à la baisse. Ce n’est pas une situation à laquelle nous sommes habitués. Mais c’est à nous de la faire évoluer. L’objectif doit être de retrouver un jour le podium.»

Reste une réalité plus crue: les Suissesses disposant d’un tel potentiel sont rares. Certaines peuvent y parvenir, d’autres se heurtent à des limites difficiles à dépasser. Un constat dur, mais qui n’est pas propre à la Suisse: les champions, partout dans le monde, ne sont jamais nombreux.

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