Tout d'abord, elles transpirent. Puis, elles rient. Avant, finalement, de parler de leur amitié. «Nous avons deux personnalités différentes. Mais cela s'accorde parfaitement, explique Camille Rast, 26 ans. Nous nous complétons idéalement». Malorie Blanc, 21 ans, acquiesce: «Nous avons toujours eu une super relation. Même les victoires de Camille ne l'ont pas du tout changée. Elle garde les pieds sur terre. Je peux tout demander à Camille, elle m'inspire.»
Camille Rast et Malorie Blanc s'entendent bien – on le remarque tout de suite. Même en ce jour de rêve au Stade du Littoral, près d'Auvernier (NE), où le préparateur physique Florian Lorimier les martyrise en été. Des sprints sur la piste, des sauts dans les tribunes. L'ancien mentor de Didier Cuche sait ce qu'il faut pour une bonne saison de ski.
«Pendant la préparation, nous nous entraînons généralement individuellement, mais une fois par semaine, nous le faisons ensemble. C'est plus facile, nous partageons la douleur», sourit Camille Rast. Si le temps est de la partie, tout se passe encore mieux. La piste en tartan est de toute façon motivante. Enfant, Camille Rast pratiquait l'athlétisme. «Moi aussi, s'exclame Malorie Blanc. Le sprint, les haies et le saut en longueur étaient mes disciplines préférées.»
Les deux Valaisannes – Camille Rast est originaire de Vétroz, Malorie Blanc d'Ayent – s'entendent à merveille. Pourtant, elles ne sont pas du tout pareilles. De l'extérieur, Camille Rast semble calme et réservée – surtout en hiver. Malorie Blanc, en revanche, est ouverte, vive, sociable. Les contraires s'attirent. En saison, les deux ne se rencontrent presque jamais. Ce n'est pas étonnant, Camille Rast est une technicienne et Malorie Blanc une spécialiste de la vitesse. «Nous plaisantons parfois en disant qu'un mélange de nous deux serait extrêmement rapide», lâche Camille Rast.
La pression? Une approche différente
Même sans ce mélange, les deux vont vite. La saison dernière, Camille Rast a d'abord fêté son premier podium, puis sa première victoire, une autre et enfin l'or en slalom aux Championnats du monde. Elle aurait sans doute aussi décroché le globe de cristal en slalom sans blessure.
Et Malorie Blanc? Elle a étonné le monde du ski en terminant deuxième de la descente de St. Anton (Autriche) – alors que ce n'était que sa deuxième participation à la Coupe du monde. Une comète inattendue dans le ciel du ski alpin. «Après cela, il était difficile de fermer les yeux et les oreilles», raconte-t-elle. La pression est venue. «Parfois, j'entendais des gens dire: 'Mais ce week-end, il n'y a pas eu de podium.' Je n'étais pas préparée à cela.» Malorie Blanc a dû accepter qu'une 25e place était également un résultat correct. «Mentalement, je peux encore m'améliorer, mais je suis sur la bonne voie», promet-elle.
Camille Rast est plus avancée dans ce domaine. La manière dont elle a résisté à la pression lors des Mondiaux de Saalbach et qu'elle a remporté la victoire après avoir mené la première manche a également été une prouesse psychologique. «J'avais obtenu plus que ce que j'espérais. Alors pourquoi être nerveuse?», demande-t-elle. Elle aborde aussi la nouvelle saison avec sérénité. «Bien sûr, je veux davantage. Mais la pression a diminué parce que j'ai atteint ou dépassé beaucoup de mes objectifs.»
Les deux ne parlent guère des Jeux olympiques de Cortina (du 6 au 22 février). Un globe de cristal en Coupe du monde aurait au moins autant de valeur que l'or olympique. Peut-être même plus. Camille Rast a ce qu'il faut pour cela, Malorie Blanc est l'outsider. «Quand j'ai du plaisir sur les skis, je suis rapide», admet l'aînée. Malorie Blanc souligne aussi l'importance de rester décontractée. «Et je veux continuer à beaucoup apprendre.»
Les blessures ont posé des problèmes
Mais qu'en est-il de sa santé? Camille Rast ressent encore les conséquences de sa chute à Sestrières en février. «Les douleurs à la hanche gauche vont et viennent. Cela prend du temps, mais ça s'améliore», souffle-t-elle. Florian Lorimier l'explique: «Entre deux groupes de muscles, il y a eu un frottement lors de son accident, très douloureux. Par deux fois, nous avons dû retirer du liquide.»
Malorie Blanc s'est déchiré le ligament croisé en février 2024. Elle a ensuite guéri à une vitesse record. Pourtant, à la fin de l'hiver, elle a senti la pression sur son genou et s'est arrêtée. Cela en valait la peine. «Je me sens très bien aujourd'hui», avoue-t-elle.
Camille Rast et Malorie Blanc: l'une danse à travers les portes du slalom, l'autre dévale les pentes à 130 km/h. Toutes deux sont la promesse d'un grand hiver pour le ski alpin suisse.