Johan Eliasch dans le viseur
«Cet homme est une catastrophe pour notre sport»

Johan Eliasch, patron de la Fédération internationale, multiplie les déclarations très irritantes aux yeux de nombreux acteurs du monde du ski, lui qui veut délocaliser le Cirque blanc en Amérique du Nord. Il reçoit des rafales de critiques en retour.
Publié: 27.01.2024 à 11:02 heures
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Dernière mise à jour: 27.01.2024 à 11:03 heures
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Johan Eliasch veut voir plus de courses en Asie et en Amérique du Nord.
Photo: keystone-sda.ch
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Marcel W. Perren

Lorsque le général du ski autrichien, Peter Schröcksnadel, un homme très expérimenté, est interrogé sur la plus grande erreur qu'il a commise dans sa carrière, l'homme de bientôt 83 ans ne doit pas réfléchir longtemps: «Je regrette profondément d'avoir soutenu Johan Eliasch en 2021 lors de son élection à la présidence de la FIS. Avec ses récentes déclarations, Johan a montré pour la énième fois qu'il n'a plus rien à faire à la tête de la Fédération internationale de ski. Et ce depuis longtemps.»

C'est une interview d'Eliasch à la SRF qui a particulièrement énervé l'ancien général du ski autrichien. Le milliardaire anglo-suédois a formulé ses vues sur la durabilité de la Coupe du monde de ski dans le contexte des courses nocturnes de Schladming. «Si nous allons à Schladming, nous aurons 30'000 spectateurs. L'empreinte de la course est bien plus importante que celle des courses d'Aspen, si l'on additionne l'empreinte carbone des spectateurs».

Eliasch défend ainsi son projet controversé de s'envoler plusieurs fois par saison pour des courses de Coupe du monde en Amérique du Nord et en Asie. «Si l'empreinte est le critère, tu peux toujours discuter des voyages en général».

Schröcksnadel lance une contre-attaque: «Schladming fait partie des événements les plus durables du calendrier de la Coupe du monde. Depuis les Championnats du monde 2013, l'offre de transports publics dans cette région est si bonne qu'une grande partie des spectateurs s'y rendent en train et en bus. En tant que président de la FIS, Eliasch devrait être reconnaissant d'avoir dans son calendrier des courses aussi attractives pour le public que Schladming, Adelboden, Wengen et Kitzbühel. Au lieu de cela, il préfère de loin organiser des compétitions en Chine et aux Etats-Unis, où personne ne regarde. Cet homme est une catastrophe pour notre sport».

Johan Eliasch aussi «responsable des accidents»

Aux yeux de Schröcksnadel, Eliasch est également le principal responsable des nombreuses stars qui se sont blessées ces dernières semaines. «Au lieu de laisser faire les spécialistes, Eliasch a dirigé l'élaboration du calendrier des courses. Et comme ce calendrier est complètement surchargé, même les top-shots comme Mikalea Shiffrin ou Aleksander Aamodt Kilde se heurtent à leurs limites et chutent».

C'est pourquoi Schröcksnadel va intensifier ses efforts à l'avenir pour qu'Eliasch soit destitué au plus tard lors du congrès de la FIS en 2026.

Roswitha Stadlober, la présidente de Ski Austria, s'est également montrée critique envers Eliasch en marge des championnats du monde de vol à skis à Kulm. «Je dois dire très honnêtement que ces déclarations étaient très irritantes. C'est une approche étrange de la durabilité. Surtout si l'on se souvient qu'en janvier, nous avons organisé des fêtes de ski de grande qualité et que le public était nombreux. Imaginez que Wengen, Kitzbühel, Flachau et Schladming soient totalement dépourvus de spectateurs, c'est tout simplement inimaginable. Je pense qu'il ne fait pas de bien au sport en voulant des événements mondiaux - et certainement pas non plus au développement durable».

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