Immersion au bord du lac de Garde
Les stars suisses du slalom s'échauffent déjà pour les Jeux olympiques

L'équipe suisse de slalom, autour du champion du monde Loïc Meillard, se prépare à la nouvelle saison sur les bords du lac de Garde. L'entraîneur Matteo Joris loue l'ambition de ses athlètes. Celle-ci se manifeste au quotidien. Ambiance sur place.
Publié: 04.06.2025 à 10:58 heures
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Dernière mise à jour: 04.06.2025 à 11:06 heures
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Le champion du monde se remet au travail: Loïc Meillard s'attaque à la saison olympique.
Photo: Sven Thomann
Marcel W. Perren, Matthias Dubach

On a rarement vu Daniel Yule aussi démonstratif. Mais le slalomeur a une explication toute trouvée: «Quand je skie, ça ne se voit pas vraiment. Mais quand je fais du sport, je suis en feu.» Sur la piste, les stars du slalom peuvent difficilement faire une pause pour lancer des invectives en plein milieu d’une course à travers les piquets. Mais au padel, c’est possible. Comme John McEnroe à la grande époque du tennis, Yule se met à jurer après avoir perdu un point. «Cela m’aide à mieux jouer au point suivant», dit-il en souriant.

Cette fois, cela ne suffit pas puisque le skieur perd son double avec le champion du monde Loïc Meillard à ses côtés. Les vainqueurs sont Ramon Zenhäusern et Tanguy Nef. L’équipe suisse de slalom a pris ses quartiers ces jours-ci au lac de Garde, dans le nord de l’Italie, pour le début de l’entraînement estival.

La sueur coule pour les Jeux olympiques 2026

Pour le quintette, dont Luca Aerni fait aussi partie, il s’agit déjà du début de l’hiver olympique. Alors que les slalomeurs géants, emmenés par Marco Odermatt, ont fait leurs premiers pas en sueur en Espagne, les descendeurs étaient à Majorque. L’équipe de slalom, en revanche, s’est une fois de plus rendue en Italie. Comme le dit l’entraîneur Matteo Joris à Blick, il y a une bonne raison derrière ce choix: «Nous sommes bien reçus dans la région du Garda Trentino, nous pouvons y recharger nos batteries pour la nouvelle saison. Nous avons tout ici, nous pouvons tout faire, du VTT aux sports nautiques. Et en plus, la Suisse est proche. C’est pratique si quelqu’un a besoin de quelque chose à la dernière minute.»

Comme le temps ne se montre pas tous les jours clément, les athlètes se rendent, en plus des séances en salle de musculation, dans les salles de padel et de squash pour se dépenser. Matteo Joris n’est pas surpris que l’ambition soit toujours au rendez-vous. «Pour les garçons, tout est toujours un défi, ils se poussent constamment les uns les autres.»

L’augmentation promise s’est évaporée

Au lac de Garde, il n’y a pas que la compétition interne qui fait parler d’elle. La nouvelle qui a fuité selon laquelle il n’y aura pas d’augmentation des prix de 20%, contrairement aux promesses du patron de la FIS Johan Eliasch, fait également l’objet de discussions. L’hiver dernier, Loïc Meillard était, avec 450’350 francs, le deuxième Suisse avec le plus de prix en espèces, derrière le prodige Marco Odermatt. Le plus valaisan des Neuchâtelois est lucide: «Au final, nous ne pouvons rien faire. Bien sûr, ce serait bien de recevoir plus, car ces dernières années, les prix n’ont même pas été adaptés au renchérissement. Mais nous ne pouvons pas changer cela.»

Daniel Yule est connu pour son franc-parler. Il explique qu’il est heureux de pouvoir vivre du sport. Puis il ajoute quand même: «Je ne promettrais pas de telles choses si je ne pouvais pas les tenir. Cela montre comment cela se passe souvent à la FIS. Les parties concernées ne sont pas impliquées.» Le Suisse explique que ce sont en effet les organisateurs des courses qui versent le montant des prix. «Mais ceux-ci n’étaient pas au courant de la promesse faite par le président», déplore-t-il.

Tanguy Nef espère lui aussi une amélioration: «Si ce n’est plus pour nous, espérons que ce sera pour la prochaine génération.» Le Genevois fait remarquer que pour avoir plus d’argent, il faut peut-être aussi une meilleure promotion. Il cite en exemple la Formule 1, qui a acquis une nouvelle popularité insoupçonnée grâce à la série documentaire diffusée sur Netflix. «Je trouve dommage que nous n’ayons pas quelque chose comme ça. Nous avons les personnalités qu’il faut chez nous. Un documentaire pourrait être bien accueilli par le public en dehors de la Suisse et de l’Autriche», assure-t-il.

Des problèmes de dos

Un autre grand sujet sur les bords du lac de Garde est la lutte contre son propre corps. Laura Herr est physiothérapeute chez Swiss Ski et s’occupe des slalomeurs. «Ils sont tous à un âge un peu avancé, il est donc normal que leur dos les fasse souffrir en hiver. C’est pourquoi l’accent est mis en ce moment sur une bonne reconstruction à ce niveau», explique-t-elle.

Le dos de Loïc Meillard est particulièrement scruté. Car, rappelons-le, le technicien a manqué la première course à Sölden à cause d’une blessure. Laura Herr a vécu de près le retournement miraculeux du patient, qui ne pouvait presque plus sortir de la voiture avant le titre historique de champion du monde de slalom: «Loïc avait une très bonne équipe autour de lui, de sorte qu’il a quand même pu tirer le maximum de la saison.»

Mais au début de l’entraînement d’été, les problèmes de dos de Meillard ne sont pas tout à fait de l’histoire ancienne. Ils sont pour le moment maîtrisés. L’entraîneur Matteo Joris explique que le triple médaillé de Saalbach se distingue au camp par ses valeurs d’endurance. «Mais tout le monde est à un bon niveau», assure-t-il. Des perspectives prometteuses avant un hiver olympique.

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