C’est en leader que Fribourg Gottéron passe ces trois semaines sans match. Six Dragons vont rejoindre Pékin afin de disputer les Jeux olympiques. Julien Sprunger, lui, n’est pas du voyage. Il a renoncé aux convocations en équipe de Suisse depuis bien longtemps. Il faut dire qu’à 36 ans (il les a fêtés le 4 janvier dernier), le capitaine de Fribourg Gottéron valorise cette période de répit avant les play-off.
Si Fribourg Gottéron va bien, c’est en partie grâce à Julien Sprunger. Et vice-versa. Le No 86 de la BCF Arena totalise 31 points en 31 matches de championnat. Un rythme comme aux plus belles années du serial buteur des Dragons. Au moment d’analyser cette saison pour l’heure parfaite, il se méfie.
Julien Sprunger, Gottéron est en pleine bourre. Cette pause ne peut-elle pas vous couper les jambes?
À force, on a l’habitude. Les pauses olympiques arrivent tous les quatre ans. C’est un arrêt de près d’un mois. Pour ceux qui se rendront en Chine, c’est extraordinaire. Ceux qui restent ici, dont je fais partie, vont avoir droit à une semaine de repos avant de travailler de manière plus intensive durant deux à trois semaines. Ensuite, ce sera comme une nouvelle saison. À nous de continuer sur le chemin qui a fait notre succès depuis le début de saison. À Fribourg, nous avons construit une identité.
Fribourg est-il vraiment meilleur que la saison passée avec un contingent très similaire?
Notre système et la manière dont nous jouons ont changé. Et puis il y a l’apport de Raphael Diaz qui n’est pas n’importe qui. Un Mauro Dufner nous amène également beaucoup. Mais j’ai l’impression que nous sommes surtout plus agressifs, ce qui nous permet d’avoir davantage le puck. Contrairement à l’année passée, le danger vient de partout. C’est peut-être plus dilué. Nous avons trouvé une identité qui nous est propre.
Vous dites que le danger vient de partout. Cela commence par vous et vos 15 buts… Avez-vous retrouvé les jambes de vos 25 ans?
(Rires) Ça, je ne sais pas, mais je me sens super bien et j’ai surtout un plaisir monstre sur la glace. Chaque soir j’ai 6 ou 7 shoots. Je me trouve dans une ligne avec un rôle très offensif avec un «DiDo» (ndlr Chris DiDomenico) qui voit tout et me donne tout le temps le puck. Moi j’essaie et je suis en réussite. Physiquement, je ne sens pas le poids des années.
L’an passé, votre équipe a montré ses limites en se heurtant à Genève en play-off. Êtes-vous plus mûrs collectivement aujourd’hui?
Je l’espère, oui. J’espère justement que nous avons appris de nos erreurs, car cette élimination, on l’a tous en travers de la gorge. On sait que les play-off, c’est une tout autre histoire. La saison dernière, nous avons fait du super hockey pendant 50 matches et puis nous étions subitement à côté de nos patins. Cette saison, j’ai l’impression que nous sommes plus constants. Si on est premiers après 40 matches, c’est aussi que nous faisons les choses justes.
Vous avez plus de 8000 spectateurs à chaque match. On a l’impression qu’il se passe quelque chose, à Fribourg…
Oui, c’est vraiment une saison spéciale. Les gens sont visiblement contents et demandeurs. Leur énergie se transmet. Je ne dis pas que l’on ne voit pas qu’il y a une pandémie, mais tout de même un peu moins qu’ailleurs. C’est plein tous les soirs pour la première fois dans cette nouvelle patinoire. Je crois que nos fans sont heureux de venir voir les matches aussi car nous présentons un beau spectacle.
Vous ressentez cela également en dehors de la patinoire?
Gottéron, c’est le baromètre de Fribourg. On le sent encore davantage lorsque cela se passe bien. Dès que c’est plus difficile, les gens ne sont pas fâchés, mais on voit plus de frustration. Là, je reçois énormément de félicitations. Nous avons construit quelque chose avec des joueurs du cru et ils y sont sensibles. Les fans aiment l’identité que l’on dégage.
Lorsque l’on est leader en février, a-t-on le droit de parler de titre?
C’est la question piège… Comme je l’ai dit avant, si l’on est premier après 40 matches, c’est parce que nous faisons beaucoup de choses de la bonne manière. Mais je ne vais pas commencer à m’aventurer à dire des choses du genre: c’est l’année du titre. Non, nous savons tous qu’après 52 matches, la nouvelle saison va commencer. Nous avons construit quelque chose et avons prouvé être capables de gagner tous les soirs contre n’importe quel adversaire. Mais lorsque l’on voit cette patinoire remplie tous les soirs et cette ambiance extraordinaire, c’est sûr que ça donne envie d’offrir cela à nos fans. Par contre, le chemin sera terriblement long et difficile.
À titre privé, comment allez-vous occuper cette semaine de vacances?
Avec trois enfants, disons que je pourrai surtout profiter de week-ends de libre. Car sinon durant la semaine, le rythme sera normal avec l’école. Mais cela fera du bien de couper un peu et de profiter de la famille. D’avoir des soirées de libre, ce qui est très rare durant l’hiver. Mais il faudra aussi être capable de ne pas trop couper, car la saison n’est pas encore terminée.