«Chris McSorley! Chris McSorley! Chris McSorley!» Cela fait plus d’un quart d’heure que le match était plié. Genève avait livré une très mauvaise prestation face à une excellente équipe de Lugano. En temps normal, les Vernets se seraient vidés en moins de temps qu’il ne faut pour écrire Deniss Smirnovs sans faute d’orthographe.
Pourtant, cette soirée n’était pas une soirée normale. Chris McSorley dirigeait son premier match sur le banc adverse. Et les fans ne s’y sont pas trompés en attendant de nombreuses minutes celui qui a permis au club de remonter dans l’élite et d’y devenir une organisation à succès. Après des applaudissements mutuels, c’est un Chris McSorley visiblement très ému qui a pris congé de ses anciens supporters.
Cette ovation a probablement dû déplaire aux dirigeants grenat, eux qui sont au cœur d’une procédure juridique avec leur ancien entraîneur. En début de soirée, tout le monde observait la glace pour savoir ce qui avait été prévu pour le retour du coach. Mais, finalement, c’est comme si l’identité de l'entraîneur visiteur n’avait aucune importance. Une situation étrange sur laquelle le principal intéressé est revenu, entre deux tapes amicales dans le dos de connaissances venues le saluer.
Chris McSorley, on imagine que ce n’est pas une victoire comme une autre…
Ce soir, nous aurions pu battre n’importe quelle équipe. J’ai aimé ce que nous avons montré et l’intensité que nous avons apportée. Nous étions la meilleure équipe.
Pensez-vous que votre équipe jouera également de cette manière lorsque ce ne sera pas une rencontre particulière pour son coach?
(Rires) Laissez-moi profiter jusqu’à 0h01. J’y penserai à ce moment. Il est 22h21 et il me reste encore 1h40’.
Comment avez-vous vécu cette soirée?
Je n’ai pas ressenti quoi que ce soit avant la fin du match. Tant dans le bus pour venir que dans la préparation, j’étais calme comme rarement. Mais dès que le match s’est terminé, je me le suis pris en pleine face. Ce soir, j’ai officiellement mis le point final à mon histoire avec Genève-Servette. Mon livre est officiellement refermé. Je pense que les fans ne me fêteront pas de la même manière la prochaine fois que je viendrai ici avec Lugano.
Justement, comment avez-vous vécu cette ovation de leur part?
Je ne m’attendais pas à un tel accueil de la part des fans et j’étais très surpris. Je suis très honoré de ce qu’ils ont fait. Leur équipe a perdu et ils sont restés longtemps à m’attendre dans les tribunes pour me dire au revoir et ont prouvé que mes deux décennies ici valaient la peine d’être vécues.
Attendiez-vous une réception officielle de la part du club?
Je m’y attendais, oui. Je dois bien vous avouer que je suis un peu triste qu’ils n’aient pas pris la peine de faire quelque chose. Mais en même temps, je tiens surtout à remercier les fans qui m’ont permis de vivre ce moment si spécial.
On vous a vu saluer de nombreuses personnes derrière votre banc.
J’ai dû reprogrammer mon GPS pour aller sur le banc de gauche et non celui de droite (rires). J’étais très heureux de voir tous ces visages familiers qui me saluaient. J’ai vécu de magnifiques moments ici, mais aujourd’hui je pense surtout à mon avenir. J’ai tout à construire à Lugano.
Vos joueurs semblaient motivés à gagner pour vous ce soir…
Pour eux (rires). Lorsqu’un joueur affronte son ancienne équipe, il doit mettre de l’argent au tableau avant le match qui va dans la caisse d’équipe s’il ne marque pas. Moi, c’était si nous gagnions que je perdais l’argent. Je crois qu’ils avaient vraiment envie d’enrichir leur caisse d’équipe ce soir.