Les propos du directeur de McLaren, Andrea Stella, résonnent comme une justification: «Il est important pour nous que ce championnat se décide selon nos principes et nos valeurs. La réaction d’Oscar montre la culture qui règne dans cette équipe.»
L’Australien n’a pas voulu faire de vagues en public. Sur la piste, il a toutefois fallu deux messages radio pour que le leader du championnat cède la deuxième place à son coéquipier au 49e tour sur 53.
Derrière l’intouchable Max Verstappen (Red Bull-Honda), les deux McLaren espéraient une voiture de sécurité. Mais à Monza, elle est restée aux stands. Et de toute façon, le Néerlandais avait déjà creusé un tel écart qu’un «arrêt gratuit» n’aurait rien changé.
Quand McLaren se tire une balle dans le pied
La première erreur de l’équipe a été de ne pas faire rentrer Lando Norris, le pilote de tête, en premier pour le changement de pneus, comme le veut la logique. Résultat: Oscar Piastri s’est arrêté au 45e tour et a bénéficié d’un service parfait en 1,9 seconde.
Un tour plus tard, Lando Norris passait par les stands. Mais à l’avant gauche, le mécanicien a dû utiliser trois fois la visseuse. Temps perdu: 5,1 secondes. De quoi propulser Oscar Piastri devant son leader sur la piste.
Le changement de position qui a suivi, qualifié «d’autogoal» par «auto motor und sport», a fait bondir le paddock. Plusieurs ex-pilotes et pilotes en activité ont déclaré qu’ils n’auraient jamais rendu leur place. Et Bernie Ecclestone (94 ans) a réagi sans détour pour Blick: «Ils parlent sans cesse de fair-play. Mais est-ce juste pour Oscar Piastri d’être pénalisé pour une erreur de l’équipe? Non.»
Sa phrase suivante risque de faire grand bruit, surtout outre-Manche: «On commence à avoir le sentiment que McLaren préfère un champion du monde du nom de Lando Norris.»
Le spectre d'Ayrton Senna et Alain Prost
En coulisses, les discussions promettent d’être animées avant Bakou, le 21 septembre. Car derrière la façade d’unité, chacun sait qu’il s’agit d’une opportunité unique de conquérir le titre mondial.
Le sport d’équipe si souvent vanté se transforme en lutte individuelle. Ron Dennis en avait déjà fait l’expérience en 1989 lors du duel pour le titre entre Ayrton Senna et Alain Prost. Chacun avait alors imposé ses propres règles. À l’arrivée, le Français avait pris le dessus sur le Brésilien: 76 points contre 60.