Servette a largement battu Winterthour (4-0) ce samedi soir à la Praille et, si tout n’a pas été parfait, les Genevois enchaînent tout de même une deuxième victoire consécutive en championnat. Jocelyn Gourvennec, toujours aussi passionnant à écouter, a abordé plusieurs points intéressants en conférence de presse.
La victoire en elle-même
Le contexte: Servette avait enfin gagné en Super League, en s’imposant à Sion dans le Derby du Rhône (2-0). La dynamique semblait en place et la saison de Jocelyn Gourvennec lancée. Le souci: les Grenat ont replongé samedi à Yverdon, s’inclinant 1-0 en Coupe de Suisse au terme d’un non-match.
L’analyse de Jocelyn Gourvennec: C’était important de gagner, ça soigne les têtes. Il n’y a pas de meilleur remède que la victoire. Et gagner par quatre buts d’écart, sans en prendre, c’est bien aussi. Pour autant, tout ne m’a pas plu dans ce match, notamment en première période. On a changé plusieurs choses à la pause, notamment dans nos intentions et dans quelques positions. Je trouve qu’on a trop subi leur pressing en première mi-temps, on jouait trop souvent vers l’arrière, jusqu’à Joël Mall, plutôt que de casser des lignes. Pourtant, quand on trouvait Timothé Cognat et Alexis Antunes, on leur faisait mal. L’endroit où Keyan Varela demandait le ballon n’était pas toujours juste non plus, on a pu parler de ça à la pause et on est bien repartis en deuxième période, on a été très efficaces. On a fait deux bonnes entames de mi-temps, d’ailleurs. Mais attention, malgré le score, la victoire n’a pas été si simple à obtenir. Il a fallu faire beaucoup d’efforts, Winterthour est très bon sur coup de pied arrêté, ils ont plusieurs combinaisons, on le savait. On a été très concentrés et attentifs jusqu’au bout.
Ce que Blick en pense: Oui, Winterthour a été faible. Mais une fois ce constat posé, il faut bien dire que Servette s’est imposé 4-0, ce qu’il n’avait pas été capable de faire face à Grasshopper (1-1) plus tôt dans la saison, face à un adversaire pas beaucoup plus fort. L’arrivée de Jocelyn Gourvennec a permis à Servette de grimper de deux étages dans le jeu, dans ses certitudes et même désormais dans l’efficacité. Il faudra confirmer face à un adversaire plus fort, comme par exemple Bâle dimanche prochain, mais il y a fort à parier que ce Servette FC-là va vite remonter au classement. D’autant plus sans Coupe d’Europe et Coupe de Suisse, ce qui va permettre à Jocelyn Gourvennec de pouvoir bien travailler, sans urgence.
Bradley Mazikou latéral droit
Le contexte: Loun Srdanovic et Théo Magnin étant blessés, Jocelyn Gourvennec a dû innover pour le poste de latéral droit. Jouer à trois défenseurs centraux et placer un joueur plus polyvalent piston droit, voire un ailier, comme le fait parfois Murat Yakin en équipe de Suisse? Samedi dernier, à Yverdon, le technicien français avait décidé rester à quatre derrière et de titulariser Steve Rouiller en position de latéral droit dans une défense à quatre, mais l’expérience avait été peu concluante. Alors, il a fait le choix de faire traverser le terrain à un latéral gauche, Bradley Mazikou, et de titulariser Lilian Njoh à gauche.
L’analyse de Jocelyn Gourvennec: J’ai trouvé Bradley excellent, que ce soit défensivement ou avec le ballon. Quand j’ai parlé avec lui en milieu de semaine pour lui expliquer qu’on avait différentes options, mais qu’on allait lui demander de jouer là à l’entraînement pour voir, il a dit ok, et il s’est bien entraîné. Il a amené beaucoup de variété dans le jeu, il a fait un match parfait. Je lui avais demandé de jouer simple et il l’a fait. La petite adaptation par rapport à l’autre côté pour lui, c’était qu’il ne devait pas être trop proche de la ligne au départ, pour ne pas se retrouver enfermé. On l’a vu, il a trouvé des angles de passes, il est capable de renverser le jeu aussi. C’est vrai que c’est rare de voir un gaucher à droite, j’ai le souvenir de Murillo avec Marseille par exemple. Au final, il s’en est très bien sorti, après trois séances de travail, dont deux de jeu. Si l’expérience peut être reconduite? Je préfère quand même jouer avec des latéraux droits de métier, mais on sait qu'on a cette option-là aussi désormais, y compris en cours de match. Bradley, c’est un joueur expérimenté, intéressant, fiable. Il a été bien formé à Lorient.
Ce que Blick en pense: Avec Jocelyn Gourvennec, il n’y a pas de statut. Le coach ne peut pas se le permettre, tout simplement, et il a déjà pris deux décisions fortes depuis son arrivée, en établissant une hiérarchie claire au poste des gardiens, quitte à froisser Jérémy Frick, dans le sillage de ce que Bojan Dimic avait décidé durant son interim. Deuxième choix qui n’allait pas de soi: demander à Steve Rouiller de s’asseoir sur le banc, le soir même où il était célébré pour son 250e match sous le maillot grenat. Alors, vu que le Valaisan n'avait pas été convaincant à Yverdon dans ce rôle de latéral droit, l'entraîneur du SFC n'a pas hésité à prendre un risque. Son audace a été récompensée.
Florian Ayé titulaire et double buteur
Le contexte: Depuis son arrivée, Jocelyn Gourvennec avait le plus souvent opté pour un système à deux attaquants, avec Samuel Mraz et Florian Ayé. Mais, ce samedi, le Slovaque a été prié de s’asseoir sur le banc, tandis qu’Alexis Antunes évoluait en soutien du Français. Le résultat a été concluant, avec un doublé pour le grand avant-centre du SFC.
L’analyse de Jocelyn Gourvennec: Florian, c'est notre leader d'attaque, un joueur très important dans le pressing déjà. Et quand on a récupéré, il est une menace permanente, capable de décrocher. Samuel, c'est un vrai buteur aussi, mais plus un joueur des vingt-cinq derniers mètres. Flo, c'est quelqu'un qui dynamise le jeu de l'équipe, il est très tranchant. Il a fait beaucoup d'efforts depuis qu’il est arrivé et il a montré une grande motivation pour nous rejoindre, en quittant le championnat de France. On le sait, il n’a pas pu jouer la Coupe d'Europe, il a mal vécu l'épisode et c'est normal. Mais il est toujours à fond. Il faut même le freiner à l'entraînement.
Ce que Blick en pense: Le discours de Jocelyn Gourvennec est clair et il n’y a même pas besoin de lire entre les lignes. Quand Servette jouera à deux attaquants, le Slovaque et le Français pourront être alignés ensemble, mais ce système condamne quasiment de facto Alexis Antunes au banc de touche… ou au côté gauche du 4-4-2, ce qui est dommage pour un numéro 10. Jocelyn Gourvennec aime les créateurs de jeu, il en était un lui-même, et si Alexis Antunes est apte et en forme, alors ce système en 4-2-3-1 pourrait être amené à se reproduire souvent. Et dans ce cas, alors Florian Ayé a une longueur d’avance sur Samuel Mraz, d’autant plus avec ce doublé.
La jeunesse a une place
Le contexte: Un joueur de 2006 titulaire et buteur (Keyan Varela), un autre de 2008 qui entre en fin de match pour ses premières minutes en Super League (Alonzo Vincent): la jeunesse a joué un rôle dans le succès grenat face à Winterthour. Alonzo Vincent, qui fêtera ses 17 ans dans quelques jours, avait déjà joué avec la première équipe, en Coupe de Suisse face à Dardania et il avait d’ailleurs marqué. Mais ce 27 septembre restera également dans sa mémoire.
L’analyse de Jocelyn Gourvennec: Il y a beaucoup de bons jeunes dans le bassin genevois, c’est un fait. On le voit à l'académie, on le voit partout, et cela va venir petit à petit. C’est le projet du club, c’est aussi pour cela que les dirigeants m'ont choisi, je crois. Accompagner des jeunes, je l'ai fait maintes et maintes fois dans ma carrière, c'est un travail que j'aime beaucoup. Ce processus, c'est un accompagnement, c’est créer des conditions pour qu'ils se sentent bien. Si l’on parle spécifiquement d’Alonzo Vincent, il y a beaucoup de maturité chez ce garçon qui n’a pas encore 17 ans, mais on va le protéger, le couver, comme les autres. Amener un jeune sur le terrain, ça ne se fait pas comme ça en un claquement des doigts. Il va venir, oui, mais c'est du temps, des séances, des échanges avec les éducateurs de l'académie. Le staff le fait, je le fais, j’échange beaucoup avec Piero Costantino, qui est à cheval entre l'académie et les pros et qui me donne des informations importantes sur l'historique de ces jeunes. Il me parle de leur parcours, de leur famille. J'ai beaucoup d'infos pour être précis dans mes choix et dans ce processus, qui est à moyen et long terme. On ne parle pas de court terme, là.
Ce que Blick en pense: Enfin! Servette a droit à un message clair et à un entraîneur qui a une vision, pas des paroles toutes faites. Jocelyn Gourvennec s’intéresse sincèrement à ce qui se passe au sein de l’académie et il est la personne idéale pour amener ces jeunes à maturité, sans les faire s’enflammer. N’oublions pas non plus Loun Srdanovic et Jamie Atangana, tout jeunes eux aussi. S’ils sont bons, ils joueront. Et s’ils ne sont pas performants tout de suite, ils auront progressé. Cette perspective est importante pour tout le club, qui peine à retenir ses talents. Si Servette joue les premiers rôles en Super League, et que le contingent est ouvert à des jeunes qui travaillent bien, les effets à long terme seront incalculables.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | 7 | 8 | 15 | ||
2 | 6 | 5 | 13 | ||
3 | 7 | 1 | 13 | ||
4 | 6 | 4 | 12 | ||
5 | 6 | 2 | 11 | ||
6 | 6 | 3 | 10 | ||
7 | 7 | 0 | 8 | ||
8 | 6 | 0 | 8 | ||
9 | 7 | -5 | 7 | ||
10 | 7 | -1 | 6 | ||
11 | 6 | -4 | 4 | ||
12 | 7 | -13 | 2 |