Le FC Sion est actuellement en camp d'entraînement à Crans-Montana, à 1500 mètres d’altitude. Mais sans son président, Christian Constantin, en vacances sur une île grecque. Depuis là-bas, il envisage pourtant d’envoyer son équipe disputer un mini-tournoi de préparation durant la deuxième semaine de juillet. Rien d’anormal jusque-là – si ce n’est le lieu envisagé: Saint-Pétersbourg. En d’autres termes, la Russie. Le pays du fauteur de guerre Vladimir Poutine, dont les clubs sont bannis de toutes les compétitions internationales: Coupe du monde, Euro, Ligue des Nations, compétitions de clubs… Un territoire sous sanctions, mais pas, visiblement, hors des radars du président sédunois.
L’équipe nationale russe ne peut aujourd’hui disputer que des matchs amicaux, par exemple face à la Biélorussie, la Grenade, quelques sélections africaines… ou encore l’Iran. C’est dans ce contexte, sous ces auspices troubles, qu’une invitation à un tournoi de préparation dans un pays en guerre atterrit sur le bureau de Christian Constantin. Et le président sédunois n’y voit aucun problème. Pas plus que Fabio Celestini, vivement critiqué il y a quelques jours pour avoir signé au CSKA Moscou.
Christian Constantin, où vous trouvez-vous en ce moment?
Je suis sur une île au large d'Athènes, je me rends dans un restaurant. Et j'ai constaté une chose: Les Grecs font un vin merveilleux. Je ne le savais pas.
Je vous le confirme. Et sur quelle île êtes-vous en ce moment?
Mmmh, je ne saurais pas vous le dire. Nous avons pris le jet jusqu'à Athènes, puis l'hélicoptère. Environ quinze minutes, je pense. Jeudi, nous retournons en Valais.
Allez-vous accepter l'invitation de vous rendre à Saint-Pétersbourg en juillet?
Je ne sais pas encore. Cela dépendra de la capacité de l'organisateur - un agent de match FIFA - à réunir l'argent. Il y a aussi les droits TV.
S'il les obtient, vous empocherez 300'000 francs, a appris Blick. Confirmez-vous le montant?
C'est une somme de cet ordre de grandeur, oui.
C'est donc une belle somme!
Oui, c'est beaucoup d'argent. De plus, de tels matches sont toujours bons à prendre sportivement.
N'avez-vous aucun scrupule, c'est-à-dire aucun souci éthique, à jouer dans un pays dont le président a des centaines de milliers de morts sur la conscience?
J'ai un principe, qui est toujours valable: il faut bien séparer le sport de la politique.
Si vous acceptez, il y aura certainement un énorme remue-ménage médiatique. Presque comme après le transfert de Fabio Celestini au CSKA Moscou. Mais vous avez l'habitude...
Oui. Mais je ne condamne pas un homme ou une femme qui veut travailler en Russie. Que chacun décide pour lui-même. Vous considérez que c'est immoral et vous l'écrivez. C'est votre opinion. Fabio en a une autre. Et je suis neutre par rapport à cette question. C'est aussi simple que cela.
Pourquoi le FC Sion a-t-il été invité?
Eh bien, Anton Miranchuk, l'ancien capitaine de l'équipe nationale russe, joue chez nous. Je pense que c'est une raison suffisante.
Les matches amicaux contre des équipes russes peuvent-ils se dérouler sans problème, même sur le sol russe?
Oui, nous nous sommes renseignés auprès de la FIFA et de l'UEFA.
Mais vous risquez de ne pas recevoir les 300'000 francs, car les paiements en provenance de Russie sont sanctionnés.
Premièrement, je ne suis pas sûr que les sanctions concernent aussi le sport – je pense plutôt que non. Deuxièmement, l'argent ne vient pas de Russie. Il n'y aurait donc pas de problème.
Vous parlez d'un mini-tournoi. Qui d'autre pourrait y jouer?
Swansea et Lorient ont également été invités.
Ont-ils accepté?
Je ne sais pas.
