Soyons honnêtes, Dimitri Oberlin avait disparu des radars. L’attaquant vaudois n’a jamais réussi à confirmer les espoirs placés en lui après sa prestation fulgurante en Ligue des champions, sous le maillot bâlois. Cette folle nuit de septembre 2017 paraît bien lointaine.
Depuis deux saisons, le joueur a bourlingué avec deux prêts en Italie (à Empoli où il a disputé 5 matches) et en Belgique (SV Zulte Waregem: 3 buts en 22 rencontres). Il a aussi joué en Allemagne avec le Bayern Munich. Mais Oberlin était bien loin de la Bundesliga. C’est avec la réserve du «Rekordmeister» que l’international suisse (1 sélection en 2018) a été aligné. Il y a fait trembler les filets à une reprise en 12 apparitions dans la 3. Liga.
Un gars aussi timide que rapide
Pas vraiment un enchaînement qui devrait lui assurer un retour dans un club majeur de Super League. C’est pourtant ce qui est arrivé à Dimitri Oberlin cette semaine. Le Romand de 23 ans a signé jusqu’en 2024 à Servette. «Cette annonce m’a surpris parce qu’aucune rumeur ne circulait à son sujet, a reconnu Jérémy Manière, directeur de la Première Ligue. Mais c’est un coup qui se tente pour Genève. Des attaquants qui – comme lui – ont un tel potentiel, il n’y en a pas 1000 sur le marché.»
Un «coup», un «pari», le même champ lexical revient chez tous les experts. «C’est la dernière qui sonne pour Dimitri, résume Carlos Varela, ancien scout du club genevois. Il était sur le marché mais les équipes étaient prudentes, à raison, sur ce dossier. Il doit saisir la chance qui se présente à lui.»
Salim Khelifi avait côtoyé la nouvelle recrue genevoise lors d’un stage avec l’équipe de Suisse M21 en 2016. «C'est une personne plutôt calme, presque un peu timide, mais c’est un super gars», se souvient le Lausannois qui évolue désormais à Zurich. Dimitri Oberlin a-t-il les armes pour s’imposer à Genève? «C’est un joueur très talentueux qui, lorsqu’il se sent en confiance, réalise de grandes performances, affirme Salim Khelifi. Il peut faire une grande carrière!»
Un univers plus familier et accueillant, c’est justement ce que l’ancien Bâlois est venu chercher au SFC. «Il se rapproche aussi de sa famille, souligne Carlos Varela qui est désormais consultant sur Blue. Son grand problème, c’est qu’il n’a jamais réussi à s’imposer sur la durée, à faire une saison pleine. Cette stabilité pourrait lui faire du bien à Genève.»
Un profil inédit à Servette
Avec le recul, cette soirée de folie en 2017 – et ce sprint stratosphérique en Ligue des champions – a peut-être été une malédiction pour le natif de Yaoundé. Son goal d’anthologie contre Benfica a fait le tour du web, sa cote s’est envolée sans coller forcément à son potentiel. La bulle hypothétique a depuis explosé.
«Avec sa vitesse et sa capacité à prendre la profondeur, Dimitri Oberlin apporte malgré tout un profil qui n’existait pas dans le contingent genevois, précise encore Jérémy Manière, ancien défenseur qui officie lui aussi sur les ondes de la chaîne privée. À condition de prendre la place de Kyei, ce qui n’est pas gagné, il offrira une option intéressante à Alain Geiger.»
Le plus surprenant peut-être dans son arrivée à Servette, c’est la durée du bail obtenu par le Vaudois. Oberlin arborait fièrement un maillot estampillé 2024 aux côtés du directeur sportif Philippe Senderos mercredi. Trois ans de contrat donc à Genève. Ça fait long pour un pari. Par contre si l’essai est transformé, le club grenat s’assure une jolie plus-value sur une éventuelle revente. Un scénario que tout le monde espère au bout du lac.