«Ces derniers mois et dernières semaines, après avoir souffert de plusieurs blessures, il est devenu de plus en plus clair qu'il était temps pour moi de quitter ce grand monde du football», a expliqué le champion du monde 2014 dans un long message publié sur Twitter.
L'ancien joueur du Werder Brême, du Real Madrid et d'Arsenal, achève sa carrière dans le club turc de Basaksehir. Pendant des années, il a déchaîné les passions, sur les terrains et en dehors. Il s'était par exemple engagé en juillet dernier avec le club qui sera son dernier pour une saison, après un passage délicat à Fenerbahçe où il était entré en conflit avec sa direction, comme à Arsenal où il a joué entre 2013 et 2021.
D'abord symbole d'une Allemagne multiculturelle
L'histoire avait pourtant bien commencé: «C'est le nouveau numéro dix de l'Allemagne», claironnait le magazine Stern en juin 2010 au sujet du gamin de la Ruhr. Né de parents turcs, le meneur de jeu et son équipier germano-tunisien Sami Khedira font des merveilles au Mondial sud-africain, dont l'Allemagne termine troisième, et ne tarde pas à être érigé en symbole d'une Allemagne multiculturelle.
Une photo synthétise la belle histoire: torse nu et tout sourire, Mesut Özil serre la main de l'ex-chancelière Angela Merkel. Après le Mondial, le prodige signe au Real Madrid: un tremplin vers le triomphe allemand de 2014 au Brésil, où il sera paradoxalement moins performant qu'en Afrique du Sud. Ses longs cheveux ont disparu au profit d'une coupe plus sage, l'Allemand prête son image à Adidas.
Critiqué pour ses liens étroits avec Recep Tayyip Erdogan
Mais sa carrière connaît un tournant en mai 2018: Mesut Özil et son équipier de la Mannschaft Ilkay Gündogan, lui aussi d'origine turque, posent à Londres en compagnie du président turc Recep Tayyip Erdogan, en pleine campagne pour sa réélection. Le cliché fait polémique, alors que Berlin accuse Ankara de dérive répressive. Le chef d'État turc répond en traçant un parallèle entre l'Allemagne contemporaine et le nazisme.
Peu après, l'Allemagne, championne du monde, est éliminée dès la phase de poules du Mondial russe. Cet échec est vécu comme une humiliation. Mesut Özil devient le bouc émissaire de l'extrême droite. Certains médias allemands l'accablent aussi. Lâché par le président de la Fédération allemande de football, il finit par claquer la porte de la Mannschaft en juillet. La durée? «Aussi longtemps que je ressentirai du racisme et un manque de respect à mon égard.»
Erdogan comme témoin de mariage
«Erdogan est le président actuel de la Turquie et je dois montrer du respect à cette personne, quelle qu'elle soit», plaidait-il. Un an plus tard, Mesut Özil choisit Recep Tayyip Erdogan comme témoin de mariage lorsqu'il s'unit à une ancienne miss Turquie, Amine Gülse.
Et quitte à dire le fond de sa pensée, il s'indigne du traitement réservé par la Chine à la minorité musulmane ouïghoure. En réaction, la télévision d'État CCTV déprogramme un match d'Arsenal contre Manchester City. Les Gunners prennent alors leurs distances avec le joueur, soucieux «de ne pas s'impliquer dans la politique».
Sur une voie de garage à Londres, le milieu de terrain avait choisi à 32 ans de vivre sa première expérience en Turquie en rejoignant Fenerbahçe en janvier 2021, avant de rejoindre Basaksehir l'été dernier. «J'ai certes grandi en Allemagne, mais mon histoire familiale a ses racines solidement plantées en Turquie. J'ai deux coeurs, un allemand et un turc», assurait le joueur en 2018.
(ATS)