Est-ce vraiment Granit Xhaka qui a prononcé cette phrase? A-t-il de la fièvre? «Nous ne voulons pas écrire l'histoire». Si, si, c'est bien ce qu'a dit l'homme derrière le petit pupitre que l'Association suisse de football a placé devant lui dans la toute petite zone mixte du Stade de Genève. Et il s'agit bien du capitaine de l'équipe de Suisse, Granit Xhaka.
Cette date, en plus, est particulière pour lui, puisque c'est également un 15 novembre qu'il y a 16 ans, Granit Xhaka a écrit l'histoire en remportant le titre de champion du monde avec l'équipe suisse M17. Alors, pourquoi cette déclaration surprenante?
«On a déjà vu et vécu beaucoup de choses»
Il fait partie intégrante de la nature de Granit Xhaka de vouloir réaliser des choses que d'autres considèrent comme impossibles. De repousser les limites. Mais pas cette fois. Il faudrait que ses Suisses perdent 6-0 au Kosovo mardi pour ne pas se qualifier directement pour la Coupe du monde. Il s'agirait alors d'une débâcle historique qui ferait sensation sur la scène internationale. Et Granit Xhaka n'en veut pas: «On a déjà vu et vécu beaucoup de choses dans le football. Mais on ne veut pas écrire l'histoire».
Mais le simple fait que Granit Xhaka évoque un 0-6 à Pristina montre bien comment il veut aborder le dernier match. Des félicitations anticipées? Il les refuse. Une fête? Elle ne pourra avoir lieu qu'une fois la qualification acquise. C'est l'histoire que les Suisses veulent raconter. Probablement pour ne pas provoquer inutilement le destin.
Car bien sûr, même Granit Xhaka, tout en louant les performances du Kosovo, ne croit pas sérieusement que son équipe court à la catastrophe. «Il faut déjà qu'ils nous battent avant de penser à nous battre 6-0. Et s'ils y parviennent, ce sera de notre faute».
Granit Xhaka peut rattraper Xherdan Shaqiri et Valon Behrami
Granit Xhaka saura l'éviter. D'autant plus qu'il est parfaitement conscient qu'à Pristina, il pourrait décrocher sa quatrième participation à une phase finale de Coupe du monde. Il égalerait ainsi les détenteurs actuels du record suisse, Xherdan Shaqiri et Valon Behrami.
«Il est possible que ce soit ma dernière Coupe du monde - et celle de plusieurs autres joueurs aussi», dit encore Granit Xhaka, sans rien confirmer. Le ton est donné: tant qu'il aura le sentiment de pouvoir aider l'équipe, il restera dans l'équipe nationale. «Même si, à la fin, ce sera pour encourager les jeunes depuis le banc avec mon expérience».
Et qui sait? Peut-être s'inspirera-t-il d'un certain Luka Modric. Le Croate vient de se qualifier pour sa cinquième phase finale. A l'âge de 41 ans.
Pendant ce temps, sur la gauche de Granit Xhaka en zone mixte, les joueurs suédois se succèdent pour expliquer la quatrième défaite en cinq matches dans ces qualifications pour la Coupe du monde. Pour Anthony Elanga, le nouvel entraîneur Graham Potter n'est pas en cause. Les instructions tactiques de l'Anglais ont même été jugées «géniales»: «On a vu exactement comment nous voulions jouer en première mi-temps».
Le bon conseil aux Suédois
Le problème des Suédois n'est certainement pas leur sélectionneur, mais plutôt le fait qu'il leur manque à mi-terrain un joueur comme Granit Xhaka. Celui-ci a en tout cas un bon conseil à donner aux visiteurs lorsqu'un journaliste suédois lui demande comment il juge le penalty du 2-1 pour la Suisse et ce contact entre le gardien Viktor Johansson et Breel Embolo, lui indiquant que les joueurs suédois s'étaient plaint de la décision de l'arbitre.
La réponse de Granit Xhaka: «Les Suédois ont commis une grave erreur. Parfois, il vaut mieux se concentrer sur ce que l'on aurait pu mieux faire soi-même plutôt que de se plaindre de l'arbitre». Là, pas de doute, c'était bien le vrai Granit Xhaka qui parlait!