Deux occasions, deux finitions parfaites! Est-ce vraiment Kaly Sène, qui a joué avant-centre face au Vardar jeudi soir? Même son nouvel entraîneur s'en amuse. «On m'avait dit avant d'arriver que j'allais trouver un attaquant qui bosse beaucoup, mais qui ne marque pas tout le temps...», a souri Peter Zeidler après le magnifique succès lausannois jeudi en Conference League. Le Sénégalais, lui, se réjouit de développer la même relation avec l'Allemand qu'avec son prédécesseur Ludovic Magnin.
Hyper-généreux et très mobile
«Il me faisait tout le temps confiance et c'était très important pour moi. Il voyait ce que j'apportais à l'équipe et j'avais une très belle relation avec lui», confirme le principal intéressé, lequel n'a pas changé de style de jeu depuis l'arrivée d'un nouvel homme sur le banc de touche du LS. Kaly Sène fait du Kaly Sène: hyper-généreux, très mobile, toujours dans le sacrifice. Quitte à parfois manquer de lucidité devant le but adverse parfois.
«C'est mon style. Je ne fais pas partie de ces attaquants qui se focalisent sur le but. C'est l'équipe avant tout, la victoire en priorité absolue. Si je peux y contribuer par un but, tant mieux. Si je ne peux pas, j'essaie d'aider autrement. La chose la plus importante, ce ne sont pas les buts que je marque, mais les victoires», assure-t-il. Pour d'autres attaquants, ces phrases sont un pur mensonge, une façon de tenter de faire preuve d'humilité alors que l'égoïsme est leur marque de fabrique. Pas pour lui. Et il le prouve non pas par des mots, mais par son activité incessante sur le terrain.
Kaly Sène est «l'anti-Mbappé». L'avant-centre du Real Madrid ne fait jamais une course pour ses coéquipiers, réclame tous les ballons, ne défend pas et ne vit que pour ses statistiques. L'arrivée de Xabi Alonso le fera-t-elle évoluer et devenir un joueur d'équipe? C'est encore à voir. Mais dans le cas de Kaly Sène, la question ne se pose pas: il joue comme il est, et sa nature généreuse et altruiste se voit sur le terrain et donne envie de l'aimer.
«Je ne pense pas comme ça»
Ne voudrait-il pas parfois être un peu plus égoïste, claquer 20 buts dans une saison, et se faire remarquer par les recruteurs d'Arabie saoudite? Il assure que non. «Je ne suis pas un joueur personnel. Ca m'est égal de marquer trois buts pour ensuite perdre le match. Mais je suis bien conscient que le football a changé... Aujourd'hui, le meilleur attaquant, c'est celui qui met vingt buts. Je ne pense pas comme ça. Pour moi, le meilleur attaquant, c'est celui qui aide ses coéquipiers. Pas forcément celui qui marque, mais celui qui aide aussi à marquer. Je pense que je le fais pas trop mal des fois... Ce n'est pas forcément en faisant la passe décisive d'ailleurs, mais peut-être avec l'avant-dernière, ou en faisant le pressing.» Ou en jouant en pivot pour remiser au milieu, par exemple.
Mais bien sûr, ce problème de finition est bien réel, mais il ne s'en formalise pas. «Les actions, il faut toujours chercher de les finir de la meilleure des manières. Des fois, ça rentre. Des fois, ça ne rentre pas. Quand ça rentre, on crie au génie, et dans le cas contraire, l'attaquant est nul. C'est comme ça», explique-t-il avec un petit sourire, bien conscient d'avoir raté une occasion à l'aller à Skopje. «Oui, c'est vrai. J'étais sur mon faux pied, le gardien fait un bel arrêt, bravo à lui. Et ce soir j'ai marqué deux fois.» Face à Winterthour quatre jours plus tôt, le gardien avait repoussé son penalty dans ses pieds et il avait pu égaliser à 2-2.
«Je ne suis pas un tricheur»
Et ces fameuses critiques, justement, comment les gère-t-il? «Ça m'est égal. La majeure partie des gens qui critiquent, ce sont des gens qui n'ont jamais joué au foot dans leur vie. Cela ne me tracasse pas, parce que je sais que j'ai le soutien de mes coéquipiers, du staff, du coach. Ils savent ce que je vaux. C'est le plus important. Que je rate, que je marque, qu'on gagne ou qu'on perde, je me donne toujours à 100%, je ne suis pas un tricheur. Je pense que les gens qui me connaissent le savent. Si je suis là et que je continue à jouer, c'est pour ça.» Et si en plus il se met à marquer...