Le match nul à Pristina est loin d'être le résultat désiré par l'équipe de Suisse. Et, au-delà même de ce but encaissé à la dernière minute des arrêts de jeu, la manière a laissé fortement à désirer. Incapable de développer un jeu de qualité, la Suisse a laissé filer deux points face à un adversaire qu'elle aurait dû battre même sur une pelouse aussi difficile.
Mais pour autant, si la déception est réelle et que les déclarations de Granit Xhaka ont fait naître un début d'incendie dans la maison suisse, tout n'est pas à jeter dans ce voyage à Pristina. Blick a trouvé cinq raisons d'être satisfait du déplacement, quand même.
L'état de forme, c'est important, mais pas primordial
La titularisation de Remo Freuler n'était pas une évidence, loin de là. Lui-même l'a reconnu, la fin de sa carrière anglaise n'a pas été optimale et, dans l'attente d'obtenir du temps de jeu et de devenir un cadre à Bologne, le milieu de terrain polyvalent de l'équipe de Suisse a besoin de retrouver des jambes.
Murat Yakin n'a cependant pas hésité à le titulariser samedi à Pristina, contrairement à Nico Elvedi, et il s'agissait clairement d'une bonne idée. Au-delà de son doublé, Remo Freuler s'est fait plaisir dans une position de milieu offensif, plus libre de ses mouvements que Granit Xhaka et Denis Zakaria, et il a régulièrement fait mal à la défense kosovare grâce à ses déplacements entre les lignes et à son intelligence de jeu.
Il a été le meilleur Suisse... alors même qu'il était celui qui était le plus en manque de rythme. Globalement, le milieu à trois Zakaria-Xhaka-Freuler a d'ailleurs été plutôt convaincant, sans être exagérément génial, et il s'agit là d'une certitude sur laquelle Murat Yakin pourra s'appuyer en Israël, sauf blessures ou suspensions éventuelles.
Ne pas avoir perdu, c'est tout de même une bonne nouvelle
La déception a tendance à le faire oublier, mais la Suisse a tout de même pris un point à l'extérieur ce samedi. Une défaite aurait été embêtante, mais, en considérant que la Nati battra Andorre mardi à Sion (attention tout de même à se rappeler du scénario du match aller...), elle demeurera en position ultra-favorable dans ce groupe de qualifications.
Certes, il faut se rendre encore à Tel-Aviv et Bucarest, deux déplacements au moins aussi compliqués que Pristina sur le plan sportif, mais la Suisse abordera ces deux rencontres en ayant les cartes en main. Oui, ce groupe de qualification est très largement abordable, mais il était irréaliste, ou en tous les cas bien trop optimiste, de penser que la Nati s'en tirerait avec 30 points en 10 matches.
Pour l'heure, elle en compte 11 à mi-parcours, deux de plus que la Roumanie et trois de plus qu'Israël. Mardi auront lieu Roumanie-Kosovo et Israël-Biélorussie. Deux matches où les équipes à domicile seront favorites, mais qu'elles n'ont de loin pas gagné d'avance.
Même sans être flamboyante, la Suisse marque des buts
Zeki Amdouni et Ruben Vargas ont été très discrets, tout comme Xherdan Shaqiri, mais l'ailier droit a été décisif sur le deuxième but de Remo Freuler, au moins. L'équipe de Suisse n'a pas réussi un grand match sur le plan offensif samedi à Pristina, mais elle a tout de même marqué deux fois et Pierluigi Tami a eu raison de souligner qu'il s'agissait du premier des cinq matches de qualification où la Suisse n'a pas été à la hauteur du point de vue de la performance.
Et même ainsi, sur un terrain difficile et pas propice à la construction d'un jeu soigné, la Nati a trouvé la faille à deux reprises. Ce Kosovo était coriace, discipliné et très déterminé, et s'imposer dans son stade Fadil-Vokrri n'est jamais simple. A vingt secondes près, la Suisse avait les trois points en poche.
Cette équipe a du caractère
Les propos de Remo Freuler et de Granit Xhaka, surtout, ont été virulents après la rencontre. Ils montrent que les joueurs de l'équipe de Suisse ne se satisfont pas d'un match nul au Kosovo et ne se complaisent pas dans la médiocrité. Ces joueurs ont du caractère et cet enseignement est positif. Ces paroles devront être suivies d'effets mardi à Sion et surtout en octobre en Israël, c'est sûr, mais elles démontrent l'attachement des joueurs à l'équipe nationale et leur exigence.
Si la Suisse est la seule équipe d'Europe depuis 2016 avec la France à s'être qualifiée pour chaque grand tournoi, et à avoir atteint au moins les huitièmes de finale à chaque fois (la Belgique, l'Italie, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, les Pays-Bas et tous les autres ne peuvent pas en dire autant), c'est aussi et surtout parce que ses joueurs ont su se remettre en question à chaque rassemblement. Parfois en public, parfois en privé. Cette fois, c'était en public.
Le voyage restera dans les mémoires
On a la faiblesse de penser (et même d'y croire fermement) que l'équipe de Suisse forme un tout entre les joueurs, la Fédération et les supporters. S'il existe une frontière claire entre tout ce petit monde, malgré la volonté d'ouverture au public lors d'un entraînement par rassemblement et le fait que les joueurs aillent quasiment systématiquement en groupe saluer les supporters vers leur parcage après la partie, un déplacement à l'étranger est également l'occasion pour le peuple rouge et blanc de découvrir une nouvelle culture, une nouvelle ville, un nouveau pays.
A ce titre, ces trois jours resteront un excellent souvenir pout la grande majorité de la délégation suisse. Les joueurs d'origine albanaise et kosovare ont été accueillis de manière royale, et Uran Bislimi n'a eu droit qu'à quelques sifflets à l'évocation de son nom, en plus des phrases incisives prononcées à son encontre par le team manager du Kosovo, et les supporters ont adoré le voyage, fraternisant tout au long de ces 72 heures avec la population de Pristina.
Ce séjour restera un souvenir positif dans les esprits des 700 fans de la Nati et cela compte, à l'heure du bilan. Autre bonne nouvelle: Tourbillon sera plein pour accueillir Andorre mardi. Cela semble (presque) une évidence aujourd'hui, mais il n'est pas inutile de souligner qu'un stade plein est toujours une réussite. La Nati n'a pas toujours joué dans des enceintes bondées au cours de son histoire, même la plus récente.