Comme aux Jeux de Paris l'an dernier, le Comité international olympique a autorisé vendredi la participation aux JO-2026 de Milan-Cortina de sportifs russes et bélarusses sous bannière neutre et strictes conditions, laissant présager une présence minimale.
«La commission exécutive va prendre exactement la même approche que celle adoptée à Paris», a annoncé à la presse la nouvelle présidente du CIO, Kirsty Coventry, c'est-à-dire la possibilité de concourir sous drapeau neutre, à titre individuel, à condition de n'avoir aucun lien avec l'armée et de n'avoir pas publiquement soutenu l'invasion de l'Ukraine.
L'ampleur de leur délégation dépend désormais des fédérations internationales, chargées du processus de qualification et qui continuent pour certaines à bannir Russes et Bélarusses de leurs compétitions tant que la guerre se poursuit.
«C'était attendu»
Guettée depuis des mois, la décision de la commission exécutive n'est pas une surprise, puisque Kirsty Coventry avait contribué à l'adoption du dispositif retenu à Paris, et a encore insisté vendredi sur la nécessité que le sport «rassemble le monde dans une compétition pacifique».
C'était «attendu», a estimé sur Telegram le ministre russe des Sports Mikhaïl Degtiariov, saluant «l'approche mesurée de la présidente du CIO», selon laquelle «les conflits militaires ne peuvent servir de prétexte à la division du sport, car il y en a beaucoup dans le monde et différents pays y sont impliqués».
Dix ans sans drapeau russe
La présence clairsemée des Russes et Bélarusses dans la capitale française avait satisfait l'instance olympique, qui voulait réunir des sportifs de ses 206 comités nationaux tout en évitant un boycott de l'Ukraine et de ses plus proches alliés. Nation sportive majeure, la Russie est depuis 2016 privée de ses couleurs dans l'arène olympique, d'abord en raison du scandale de dopage orchestré par l'Etat, qui lui a valu de concourir sous le drapeau olympique (2018) puis celui du Comité olympique russe (2021 et 2022).
Et à peine les JO d'hiver de Pékin refermés, en février 2022, l'armée russe envahissait l'Ukraine avec l'appui du Bélarus, déclenchant une série de sanctions sportives à la mesure de l'indignation occidentale face à cette invasion. Russie et Bélarus sont depuis privés de compétitions internationales sur leur sol et leurs drapeaux, hymnes et officiels sont bannis du sport mondial. Quant aux athlètes, ils ont d'abord été exclus «pour leur protection», selon le CIO, avant d'être progressivement réintégrés à compter de mars 2023.
Pour les JO de Paris, l'instance olympique avait fixé des conditions si strictes – filtrage en amont, absence au tableau des médailles, pas de parade sur la Seine lors de la cérémonie d'ouverture – que la délégation des «athlètes individuels neutres» s'est avérée particulièrement discrète.
L'obstacle des qualifications
Reste cependant à voir quelles conséquences les fédérations hivernales vont tirer de la décision du CIO, puisque certaines ont maintenu une exclusion totale des Russes. A commencer par la Fédération internationale de ski (FIS), dont les disciplines représentent plus de la moitié des podiums des JO d'hiver.
La Fédération internationale de biathlon (IBU) est sur la même ligne, tout comme l'instance mondiale de la luge (FIL), qui a organisé un sondage anonyme parmi ses athlètes révélant «leurs inquiétudes en matière de sécurité, de quotas olympiques, de conformité à la réglementation antidopage et d'équité» en cas de retour russe. L'organisation régissant le patinage (ISU) a en revanche ouvert une étroite voie vers la qualification aux JO, mais à raison d'un concurrent possible par nation et par catégorie, sans relais ni épreuve par équipes.
Les compétitions s'en trouveront quoi qu'il arrive chamboulées, en particulier en patinage artistique où les Russes, nation la plus médaillée de l'histoire olympique, avaient placé aux Jeux de Pékin en 2022 deux tandems sur le podium de l'épreuve en couple, et décroché l'or et l'argent de l'épreuve individuelle féminine – marquée par la disqualification pour dopage de leur jeune prodige, Kamila Valieva.