Tu vis un tourbillon ces dernières semaines. À quoi ressemble ton quotidien?
En ce moment, c’est beaucoup de voyages et d'entraînements avec les équipes NBA. Elles veulent me voir jouer en personne, évaluer mon jeu, mais aussi ma personnalité. Je vais de ville en ville. J’ai déjà fait sept workouts et d’autres arrivent encore. C’est intense physiquement, mais je le vis un peu comme une saison avec des matches et des déplacements.
Comment tu gères cette fatigue mentale et physique?
Je prépare chaque entraînement comme un match. Pendant la saison universitaire, on a aussi trois rencontres par semaine, donc j’essaie de garder ce rythme et cet état d'esprit.
Lors des entretiens, on ne parle pas que de basket. Comment tu vis cette partie plus personnelle?
Ce sont surtout des discussions. Les franchises veulent savoir qui je suis, mon parcours, ce qui me motive. Pourquoi je joue au basket, comment j’en suis arrivé là. C’est important pour elles de comprendre la personne derrière le joueur.
À quel moment la NBA est-elle devenue un objectif concret pour toi et non plus un rêve de gosse?
Quand j’étais enfant, c’était effectivement un rêve. Mais c’est devenu vraiment possible lors de ma deuxième année aux États-Unis. Là, j’ai compris que j’avais une vraie chance. Depuis, je reste patient et je travaille chaque jour pour y arriver.
Tu as transféré de l'université de l’Illinois après deux saison pour rejoindre une équipe plus prestigieuse: Penn State. Pourquoi ce choix?
Je voulais un plus grand challenge, jouer dans une grosse conférence comme la Big Ten, avec le bon entourage et le bon coach. C’était le meilleur endroit pour moi et ça m’a beaucoup aidé à progresser pour devenir le joueur que je suis aujourd'hui.
Ton parcours t’a amené très jeune à quitter la Suisse pour, dans un premier temps, rejoindre l'Allemagne. Ç'a été difficile?
Prendre la décision, non. J’étais très motivé. Le plus dur, c’était d’être loin de ma famille. Quand tu es si jeune, c'est sûr que ce n'est pas une situation évidente. Mais dans le même temps, je savais pourquoi je le faisais. Mais j'étais aussi conscient que ces sacrifices allaient payer.
On a vu au camp des recrues NBA que tu as impressionné physiquement tous les observateurs. Tu as toujours été ce type de joueur hyper athlétique?
Non (rires)! Avant, je n’étais pas du tout athlétique. Mon premier dunk en match, c’était à 18 ans. J’ai beaucoup progressé en arrivant en Amérique grâce aux entraînements physiques. J’ai fait un gros saut depuis ma première année là-bas.
Les franchises te conseillent sur quels aspects du jeu?
Elles me disent de continuer à bosser mon shoot extérieur et ma capacité à défendre sur plusieurs positions. Mais elles me rappellent aussi de renforcer mes points forts, de devenir encore meilleur dans ce que je fais bien. Je shoote tous les jours. C’est important de trouver un équilibre: développer mes points faibles et continuer à consolider mes forces.
Raconte-nous ton parcours en Suisse.
Je suis né à Berne, mais j’ai grandi à Fräschels dans le canton de Fribourg. J’ai commencé le basket à 10 ans à Neuchâtel, puis je suis allé à Fribourg Olympique pour progresser. L'Academy est un bon endroit pour se développer. Mais à 15 ans, j'en voulais davantage. Je sentais qu'il me fallait un nouveau défi, c'est pourquoi je suis parti en Allemagne, puis aux États-Unis.
Tu as choisi de te présenter à la draft cette année au lieu de repartir une année en université. C’était un choix évident?
Oui. Dès que j’ai mis mon nom dans les potentiels joueurs repêchés cette année, je savais que je voulais y rester. Au fond de moi, je savais que j’étais prêt.
Comment tu abordes la draft qui approche? Tu sais ce qui t'attend?
On a une idée de la fourchette où je pourrais être choisi, mais pour être franc, on ne sait jamais. Je veux surtout trouver une équipe où je pourrai bien me développer à long terme. Finalement, le rang où je suis sélectionné n'a pas énormément d'importance tant que le projet est bon et que je pourrai continuer de progresser dans un bon environnement.
Tu as prévu ton costume pour le grand soir?
Oui (rires)! Ce sera du bleu, et toute ma famille sera en bleu aussi. Mes grands-parents, ma tante, ma cousine et quelques amis seront avec moi pour vivre ce moment.
Aujourd'hui, tu te vois déjà comme un joueur de NBA?
Oui. Mais pour tout te dire, ce n'est pas que depuis aujourd'hui. Toute la saison dernière, je me suis entraîné comme un joueur NBA, je soigne mon corps comme un joueur NBA. Maintenant que la draft approche, ça devient de plus en plus concret. Mais je sais que j'ai tout fait pour y arriver.
Quels joueurs t’inspiraient quand tu étais plus jeune?
J’ai toujours suivi LeBron James. Mon joueur préféré était Russell Westbrook pour son énergie. J’adorais aussi regarder Stephen Curry et Kevin Durant.
Tous des joueurs largement plus petits que toi...
(il rigole) Oui, c'est vrai qu'entre les premières années durant lesquelles je me suis intéressé à la NBA en regardant les résumés des matches le matin et aujourd'hui, j'ai pris quelques centimètres... En grandissant, j'ai commencé à regarder plus précisément d'autres joueurs avec qui je partage les mêmes caractéristiques. Naturellement, je me suis plus tourné vers des joueurs comme Anthony Davis.
Si tu pouvais être drafté dans l’équipe de tes rêves, ce serait donc Dallas avec lui?
Je n’ai pas de rêve spécifique, mais apprendre d’un joueur comme Anthony Davis serait incroyable. Je pourrais beaucoup progresser à ses côtés. Mais ce n'est pas le seul endroit. Je sais juste que je dois me concentrer sur moi et de bonnes choses vont arriver.