Le commentaire d'Antoine Hürlimann
Le Conseil fédéral rampe mieux qu’il ne négocie

Dans ce commentaire, notre journaliste Antoine Hürlimann questionne l'attitude du gouvernement face à l'administration Trump. Berne doit décider si Trump est encore un allié ou si la Suisse a encaissé l'humiliation de trop.
Publié: 06:07 heures
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Dans ce commentaire, notre journaliste Antoine Hürlimann questionne l'attitude du gouvernement face à l'administration Trump.
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Antoine Hürlimann
L'Illustré

Jean-Claude Biver a raison quand il parle d’«immense claque» et d’«humiliation» survenues – cerise sur le gâteau d’anniversaire – le jour de la Fête nationale. Attention: figurer au quatrième rang mondial des économies les plus taxées par Washington, avec 39% de droits de douane, n’est pas déshonorant en soi. Ce qui l’est, c’est d’avoir ciré les bottes de l’erratique Donald Trump qui avait déjà réussi à obtenir de la Suisse le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière avant même les premiers frimas des négociations.

Il ne s’agit pas d’accabler la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et son vice-président, Guy Parmelin. Les rapports de force sont ce qu’ils sont et rien d’autre ne compte aux yeux du burlesque milliardaire qui dirige la première puissance mondiale d’une main de fer. 

Mais cette réalité dérangeante n’est pas une raison suffisante pour se mettre à plat ventre à l’image de nos représentants, reçus outre-Atlantique comme ils s’étaient eux-mêmes dépeints: des moins que rien. Cela paraît évident et pourtant... on n’amorce pas un bras de fer en pleurnichant qu’on n’a aucune chance de le gagner. A moins qu’on ne veuille le perdre.

Sept mollassons en introspection

Même si le Conseil fédéral fait désormais tout son possible pour sauver les emplois en jeu et refuse par conséquent d’envenimer la situation, viendra inexorablement le moment où il devra se demander, concernant Donald Trump, si un ami qui nous martyrise est toujours un ami. Mais avant de répondre à cette question rhétorique, il lui faudra procéder à son examen de conscience. 

Pour aider nos sept mollassons dans leur introspection, soufflons-leur les mots de Leopold Amery, l’un des plus remarquables politiciens britanniques, dont l’éloquence enflammée, lors du débat en 1940 sur la défaite en Norvège, précipita la chute du gouvernement Neville Chamberlain et permit l’ascension de Sir Winston Churchill: «Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Il faut que cela change... D’une manière ou d’une autre, nous devons faire entrer au gouvernement des hommes qui puissent rivaliser avec nos ennemis en matière d’esprit combatif, d’audace, de détermination et de soif de victoire.» 

Peut-être Guy Parmelin aura-t-il quelques papables en tête quand il aura terminé de chercher «là où la chatte a mal aux pieds»?

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