Il fallait oser. La majorité bourgeoise du Parlement vient de trouver une nouvelle tactique pour ne pas offrir un congé parental digne de ce nom: affaiblir le congé maternité. Oui, vous avez bien lu. Plutôt que d’élargir les droits de tous les parents, elle propose de «flexibiliser» l’assurance maternité. Un doux euphémisme pour dire: rogner sur les acquis, diviser les familles et mettre les femmes sous pression. Une proposition que nous dénonçons avec vigueur.
Durant cette session, le Conseil national a en effet rejeté les initiatives cantonales du Valais et du Tessin qui demandaient un congé parental digne de ce nom. En revanche, le débat a passé sous silence celles de Genève et du Jura, conservées par les commissions de la sécurité sociale des deux chambres (Conseil national et Conseil des Etats). Pourquoi? Pour concocter un pseudo-congé parental, bricolé sur le dos de l’assurance maternité: garder les 16 semaines actuelles du congé maternité et congé paternité cumulés, mais les répartir plus «équitablement» entre les deux parents.
Une manœuvre dangereuse, qui donne un faux vernis progressiste à une attaque en règle contre la santé et les droits des femmes mais aussi des familles, le congé maternité d’aujourd’hui étant déjà ridiculement court et sa fin un choc dans beaucoup de cas. Pas d’avancée, mais un sabotage maquillé en réforme. Sur le dos des acquis sociaux, ce qui est également fortement dénoncé par les syndicats.
Ni utopique, ni luxueux
Il est peut-être utile ici de rappeler que la Convention n°183 de l’OIT, ratifiée par la Suisse en 2014, garantit un congé maternité d’au moins 14 semaines. Et pourtant, aujourd’hui, certains proposent de violer cet engagement international pour bricoler un congé parental au rabais.
En parallèle, plusieurs organisations et cantons appellent à un vrai congé parental. Pro Juventute par exemple soutient les initiatives des cantons de Genève, du Jura, du Valais et du Tessin, en rappelant que «le congé parental renforce les liens familiaux, favorise l’égalité et soulage les structures d’accueil de jour».
Face à cela, il y a une réponse claire: l’initiative pour un congé familial. Ce que nous proposons, c’est un vrai projet de société. Concrètement: 18 semaines par parent, à répartir équitablement, avec la possibilité de prendre un quart des semaines en même temps. L’indemnisation? A 80% du salaire, et à 100% pour les bas revenus. Une proposition juste, moderne et solide. Ce n’est ni utopique, ni luxueux: c’est juste moderne, équitable et urgent.
Les enfants méritent mieux
Aujourd’hui, en Suisse, ce sont encore majoritairement les femmes qui arrêtent ou réduisent leur activité professionnelle à l’arrivée d’un enfant, avec toutes les conséquences économiques que cela entraîne sur leur carrière, leurs rentes, leur autonomie financière. La situation actuelle ne fait que renforcer les stéréotypes sexistes et renvoyer les pères à leur rôle de soutien extérieur, les maintenant à l’écart du soin, du lien, de la fatigue, mais aussi de la joie d’accueillir un enfant. Les femmes perdent de l’indépendance, les pères la capacité d’être un répondant principal pour leur enfant, les enfants l’engagement des deux parents dans leur éducation.
Notre initiative propose une autre vision: celle du partage réel des responsabilités familiales, celle d’un congé qui valorise les deux parents comme acteurs égaux de la parentalité, qui améliore les droits actuels, parce que les mères, les pères et les enfants méritent mieux! Nous soutenons les droits des femmes, l’égalité professionnelle, la santé mentale des familles, et une vision durable de notre société. Cette proposition est également favorable à toutes les formes de parentalité, y compris au sein des familles arc-en-ciel.
Le statu quo est déjà un retard criant. Mais au lieu de corriger le tir, la majorité bourgeoise veut désormais faire machine arrière. Ce n’est pas seulement absurde, c’est violent. Et nous ne les laisserons pas faire.