En politique, la transparence n'est pas un luxe. C'est une nécessité. Chaque citoyenne, chaque citoyen a le droit de comprendre ce qui se décide en son nom.
À l’heure où les partis populistes cherchent à brouiller les cartes, limiter l'accès à l'information devient une arme. Un écran de fumée. Plus il est difficile de savoir, plus il est facile de manipuler. Aux États-Unis, certaines études ont constaté que la droite conservatrice a percé là-même où l'information locale n'était plus disponible. Une étude de la Northwestern University a notamment montré que Donald Trump a remporté une large majorité dans les «déserts d'information», ces comtés privés de médias locaux.
La Commission nationale des télécommunications vient de rejeter l’initiative contre la SSR. Et c’est heureux. Refuser de soutenir la SSR, c’est refuser un service public d'information diversifiée, équilibrée et indépendante. Cette initiative, portée par l'UDC, vise à fixer à 200 francs par an la redevance radio-télévision, soit une diminution de près de 45% des moyens actuels. La Commission a par ailleurs également refusé l'idée même d’un contre-projet.
Nous devons choisir notre camp
À ne pas s'y tromper: un média public dans un petit pays tel que le nôtre est une nécessité pour la construction de notre identité nationale et de nos valeurs. Sans ce regard fédéral, nous serions littéralement cannibalisés par les chaînes publiques des autres pays (France, Allemagne). Les démocraties fortes investissent dans l’accès à l'information. Les démocraties fragiles la restreignent. Ce n’est pas un détail: c’est une ligne de fracture. Le classement annuel de Reporters sans frontières montre d'ailleurs que les pays où l'information publique est accessible et protégée figurent toujours parmi les démocraties les plus solides.
Face à cela, nous devons choisir notre camp: pas celui des raccourcis faciles, mais celui de la démocratie exigeante. Celle qui mise sur la connaissance, la nuance, l'explication. Tous comme les sujets soumis régulièrement au peuple suisse à travers les votations. Soutenir la SSR, c’est donc aussi soutenir un pays où l'on peut se forger une opinion librement. Une chaîne qui fait vivre notre vocation fédérale, aux côtés des chaînes locales. Un pays où l’on débat sur des faits, pas sur des rumeurs ni sur des fake news. Soutenir la SSR c’est aussi assurer une couverture médiatique dans toutes les régions linguistiques et un accès à la culture sous toutes ses formes, aussi la production audiovisuelle suisse.
L’accès à l'information et à la culture n'est pas accessoire dans notre démocratie directe. C'est un pilier. Et sans ce pilier, tout s'effondre.