La chronique de Céline Amaudruz
Swiss finish, le piège qui coûte cher à la Suisse

Dans sa nouvelle chronique, la conseillère nationale UDC Céline Amaudruz vise le Swiss finish, ces règles et exigences que l'on applique pour protéger la stabilité financière suisse... jusqu'à l'affaiblir?
Publié: 12:17 heures
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La conseillère nationale UDC Céline Amaudruz s'attaque au principe du Swiss finish qui, selon elle, affaiblit la place financière suisse.
Céline Amaudruz
Céline AmaudruzCéline Amaudruz - Chroniqueuse Blick

La place financière suisse, ce n’est pas une abstraction ni un «lobby», mais une réalité qui fait vivre notre pays: plus de 200’000 emplois, près de 9% du PIB national, des impôts qui financent nos écoles et nos hôpitaux, des places d’apprentissage pour nos jeunes. A Genève seulement, ce sont 38’000 emplois et jusqu’à 13% du PIB cantonal. Affaiblir ce secteur, c’est affaiblir directement la Suisse, son économie et son pouvoir d’innovation.

Et pourtant, au lieu de protéger cette force, nous nous compliquons la vie avec ce qu’on appelle le Swiss finish. Ce terme désigne toutes les règles et exigences supplémentaires que l’administration fédérale ajoute aux standards internationaux. Autrement dit: alors que les autres pays appliquent les règles mondiales, nous en rajoutons une couche «maison», souvent plus lourde, plus coûteuse et plus lente à exécuter.

Quand la Suisse s’auto-handicape

La conséquence est simple: chaque sur-exigence réduit notre compétitivité. Les entreprises qui comparent leurs options voient qu’en Suisse, les coûts sont plus élevés, la paperasse plus lourde et les délais plus longs. Résultat: elles s’installent ailleurs – à Londres, Singapour ou Dubaï – là où les gouvernements déroulent le tapis rouge, simplifient les procédures et garantissent prévisibilité et rapidité. 

Quand un centre de décision quitte la Suisse, il n’emporte pas seulement une plaque de porte. Il part avec ses équipes, ses prestataires, ses impôts et ses places de formation. C’est un écosystème entier qui s’érode, par petites fuites, mais de manière irréversible.

La Suisse s’est construite sur trois atouts fondamentaux: compétence, fiabilité et prévisibilité. C’est ce qui a fait notre réputation mondiale. Mais le Swiss finish mal calibré détricote ces trois qualités à la fois. Il brouille la lisibilité, augmente les coûts et allonge les délais. Bref, nous nous tirons dans le pied. Pendant que d’autres industrialisent leur attractivité, nous ajoutons des entraves bureaucratiques et nous pénalisons nos propres entreprises.

Retrouver clarté et compétitivité

Il n’est pas nécessaire d’être «plus catholique que le pape». Respecter les standards internationaux suffit. Mais il faut le faire de manière claire, simple et efficace. La finance mondiale n’est pas une ennemie: c’est une alliée de notre prospérité. Et elle ne «fuit» pas: elle choisit. Aujourd’hui, trop souvent, elle choisit de s’implanter ailleurs.

Si nous voulons rester une place de référence, nous devons envoyer un message limpide: compétitivité, lisibilité, exécution. Cesser de nous compliquer inutilement la tâche et rétablir un environnement où les capitaux, les talents et les entreprises choisissent à nouveau la Suisse. L’avenir de notre place financière – et donc une partie de notre prospérité collective – en dépend.

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