À Genève, l’insécurité n’est plus un épiphénomène. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: notre canton figure parmi ceux qui enregistrent le plus d’infractions en Suisse. Home-jackings en pleine nuit, agressions violentes, brigandages en série: les faits se multiplient, les victimes aussi. Et pendant ce temps, les autorités politiques se contentent de réponses partielles.
Les Genevoises et les Genevois vivent désormais avec la peur au ventre. Ils changent leurs habitudes, investissent dans des alarmes, évitent certains quartiers.
Les femmes, en particulier, sont les premières victimes de ce climat délétère. Se déplacer seule, rentrer tard, ouvrir sa porte : autant de gestes anodins devenus sources d’angoisse. Une société qui tolère cela sans agir à la racine abdique sa responsabilité la plus élémentaire : garantir la sécurité.
Des réponses nécessaires, mais insuffisantes
Dernièrement, des élus de treize communes genevoises ont dénoncé cette insécurité chronique. Le constat est juste. Renforcer les effectifs de police et développer la vidéosurveillance sont des mesures nécessaires et légitimes. Les forces de l’ordre ont besoin de moyens, de présence sur le terrain et d’outils modernes pour agir efficacement.
Mais ces mesures, aussi indispensables soient-elles, restent insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas d’une action décisive là où le problème prend naissance. Multiplier les dispositifs à l’intérieur du canton sans s’attaquer à la source de la criminalité revient à colmater une fuite sans fermer le robinet.
Car le problème est connu, documenté et trop souvent minimisé : Genève subit une criminalité transfrontalière massive. Tant que nos frontières resteront des passoires, ni l’augmentation des effectifs ni la vidéosurveillance ne permettront de rétablir durablement la sécurité. Sans contrôle effectif aux frontières, ces mesures perdent une grande partie de leur efficacité.
La condition indispensable: la sécurité aux frontières
La solution est pourtant claire, compréhensible pour la population et financièrement responsable : le rétablissement de contrôles efficaces aux frontières. Agir en amont, dissuader les réseaux criminels, empêcher les délinquants de venir opérer impunément à Genève: c’est la condition pour que le travail de la police porte pleinement ses fruits. Ce sont les femmes, les familles et les personnes vulnérables qui en bénéficieront en premier.
Ainsi, il faut dénoncer à la fois l’inaction des autoritéspolitiques cantonales, mais aussi le manque de déterminationd’élus communaux qui reconnaissent le problème mais refusent d’en assumer toutes les conséquences. Renforcer la police et la vidéosurveillance sans sécuriser les frontières, c’est refuser de traiter la cause réelle de l’insécurité.
Les citoyens n’attendent pas des demi-mesures: ils exigent une action complète, cohérente et efficace. Et cette action commence, enfin, par des frontières sûres.