Un véritable casse-tête
Plusieurs acteurs genevois face au défi massif du déminage en Syrie

Malgré la chute du régime de Bachar al-Assad, la Syrie reste jonchée des mines, causant la mort de centaines de personnes. Le processus de déminage s'organise, dans lequel plusieurs organisations genevoises ont un rôle clé.
Publié: 13:01 heures
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La région de Deir-Ezzor, durement touchée par la guerre, est celle où le défi du déminage sera le plus important en Syrie.
Photo: SANA HANDOUT
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ATS Agence télégraphique suisse

Plusieurs acteurs genevois œuvrent au déminage de la nouvelle Syrie après le régime de Bachar al-Assad. Sans financement adapté, il faudra «des décennies» pour décontaminer le territoire, selon une responsable d'Handicap International (HI).

«Nous anticipons le fait que la contamination est massive», a affirmé à Keystone-ATS Aida Burnett-Cargill, de passage récemment en Suisse et qui pilote les efforts de dizaines d'entités de la communauté internationale et nationale sur le déminage en Syrie. Des études pour l'étendue du problème prendront du temps.

Plus de 500 morts même après la chute du régime

Rien que pour le nord-est du pays, il avait fallu un an il y a quelques années. Or, la situation est «urgente» à Deir-Ezzor, Idlib ou encore Alep, affectées par 13 ans de guerre civile, ajoute la responsable de HI, arrivée en 2023 en Syrie. Les décontaminations sous l'eau seront importantes, tout comme celles en milieu urbain, dit-elle.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, les mines et restes explosifs de guerre ont fait plus de 1100 victimes, dont près de 500 tués. Des chiffres probablement très inférieurs à la situation réelle, selon Aida Burnett-Cargill. De nombreuses personnes ont été amputées par les effets des explosions. Un quart des près de 600 accidents ont eu lieu à Deir-Ezzor, en raison de l'accès difficile pour les humanitaires pendant la guerre, de son rôle dans le conflit, de ses terres agricoles et de la présence d'un seul hôpital.

Trois victimes sur cinq sont des hommes. Et deux tiers des incidents sont observés sur des terres agricoles ou inutilisées. Autre problème, des groupes locaux tentent de déminer alors qu'ils n'ont ni les équipements, ni les compétences.

Bientôt un Centre national de déminage

Mais la volonté politique est là. Les nouvelles autorités vont lancer un Centre national de déminage, rattaché au ministère des situations d'urgence et des désastres et qui va absorber l'ONG des Casques blancs syriens. «C'est un bon départ», glisse Aida Burnett-Cargill. «L'Etat devrait toujours à la fin prendre la responsabilité pour le nettoyage des restes explosifs de guerre», dit-elle.

La levée des sanctions américaines devrait aussi faciliter l'acheminement d'équipements et les transactions financières. Les donateurs ont augmenté leurs contributions ces derniers mois «mais bien davantage sera requis», ajoute Aida Burnett-Cargill.

«Il faut un cadre réglementaire clair»

Autre acteur, le Centre international de Genève pour le déminage humanitaire (GICHD) participe aux réunions. Il a été approché pour aider à établir le Centre national de déminage et devrait démarrer ce soutien dès ce mois de juillet.

«C'est une étape cruciale» pour une approche collaborative, efficace et durable, estime le directeur du GICHD, l'ambassadeur suisse Tobias Privitelli. Parmi les défis en Syrie, il voit l'alerte de la population sur les menaces, l'aide aux victimes et le nettoyage du territoire. «Il faut un cadre réglementaire clair», décidé par la Syrie et lié aux efforts pour rétablir le pays, ajoute l'ambassadeur.

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