Ce texte sur «la transparence de la vie publique» a été soumis dans la nuit de mardi à mercredi par un député du parti au pouvoir Fidesz. Il suscite déjà l'inquiétude dans la presse et l'opposition et des comparaisons avec la loi russe sur les «agents de l'étranger».
Les organisations «violant ou critiquant» les valeurs inscrites dans la Constitution, notamment «la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques», pourront être placées sur une liste noire, après recommandation de l'Autorité de souveraineté instaurée l'an dernier.
Dans ce cas, elles devront demander l'autorisation de l'organe antiblanchiment pour recevoir des fonds de l'étranger. Leurs comptes en banque seront placés sous surveillance et les transferts de donateurs bloqués s'il s'avère que le but de cet argent est «d'influencer la vie publique». Si ces règles sont enfreintes, de lourdes amendes seront infligées, pouvant atteindre 25 fois le montant de l'aide financière reçue, avec menace d'interdiction des activités en cas de récidive.
Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban avait promis en mars «un grand nettoyage de Pâques» contre ses rivaux taxés de «punaises». Il a depuis fait voter une série d'amendements constitutionnels restreignant les droits des personnes LGBT+ et des binationaux. Revenu à la tête du pays en 2010, il a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs et accélère désormais sa course qu'il qualifie d'"illibérale», enhardi par la victoire de son allié américain Donald Trump et en amont des législatives du printemps prochain.
Harcèlement et entrave
«Good morning, Russia», a titré sur son site le média Telex en réaction à cette nouvelle loi. Son ancienne rédactrice en chef Veronika Munk a dénoncé sur Facebook un texte visant à «harceler et entraver pratiquement toutes les organisations bénéficiant de fonds étrangers, telles que des subventions ou même des appels d'offres transparents de l'UE, essentiels à leur survie».
«C'est la preuve évidente qu'ils feront tout ce qu'ils jugent nécessaire pour rester au pouvoir», a également commenté le député indépendant Akos Hadhazy sur les réseaux sociaux, appelant à se mobiliser contre «la poutinisation» de la Hongrie.
L'adoption de la loi devrait être une formalité dans un Parlement dominé par la coalition gouvernementale. Mais elle devrait se heurter aux réticences de Bruxelles, qui avait lancé l'an dernier une procédure d'infraction contre la mise en place de l'Autorité de souveraineté.
Depuis sa création, ce bureau a lancé des enquêtes contre l'ONG anticorruption Transparency International et le site d'investigation Atlatszo, concluant qu'ils représentaient une menace pour la souveraineté de la Hongrie.