Appel des viols de Mazan
Un policier accable un accusé, «conscient» que Gisèle Pelicot était inanimée

Au procès en appel des viols de Mazan, un policier affirme que l'accusé était conscient de l'état inanimé de la victime. Un commissaire souligne que les vidéos montrent clairement la situation, contredisant la version de l'accusé qui prétend avoir été piégé.
Publié: 14:04 heures
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Dernière mise à jour: 14:15 heures
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Gisèle Pelicot arrive à son procès.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

L'unique accusé du procès en appel des viols de Mazan, en France, était «pleinement conscient» que Gisèle Pelicot était inanimée lorsqu'il l'a agressée sexuellement, a déclaré à la barre mardi le directeur de l'enquête.

Cette mère de famille avait été violée pendant une dizaine d'années chez elle par des dizaines d'inconnus à l'instigation de son mari, Dominique Pelicot, qui la droguait préalablement. En première instance, 51 accusés avaient été jugés lors d'un procès fleuve où de lourdes peines avaient été prononcées.

Condamné alors à neuf ans de prison, Husamettin Dogan, ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans qui comparaît libre, notamment pour raisons de santé, encourt à nouveau 20 ans de réclusion.

Aucun doute sur son état

«Je n'ai aucun doute du fait qu'il ait eu pleinement conscience de l'état» de Mme Pelicot, sédatée préalablement par Dominique Pelicot, a estimé le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse-Platière, au deuxième jour du procès devant la cour d'assises d'appel du Gard, dans le sud de la France.

«Toute personne qui voit les vidéos le comprend immédiatement», a-t-il ajouté, alors que les deux versions a priori opposées de l'accusé et du «chef d'orchestre» de ce dossier vont se confronter dans l'après-midi.

D'un côté, Husamettin Dogan, qui ne cesse de répéter qu'il a été «piégé» par le «manipulateur» Dominique Pelicot, assurant avoir cru participer au jeu consenti d'un couple libertin. De l'autre, l'ex-mari de Gisèle Pelicot, 72 ans, qui «restera sur son positionnement selon lequel il ne l'a pas manipulé et qu'il est venu en connaissance de cause», selon son avocate, Béatrice Zavarro.

Endormie pendant le viol

En tout, 107 photos et 14 vidéos de cette soirée du 28 juin 2019, lors de laquelle Husamettin Dogan s'était rendu à Mazan, ont été retrouvés sur un disque dur de Dominique Pelicot, selon le chef d'enquête.

Sur plusieurs d'entre elles, dont certaines seront diffusées dans l'après-midi, l'accusé, âgé aujourd'hui de 44 ans, apparaît en compagnie de Dominique Pelicot en train d'effectuer des pénétrations vaginales, mais aussi des fellations forcées à une Gisèle Pelicot totalement «inerte et ronflante».

Le commissaire décrit notamment une scène sur laquelle la septuagénaire bouge légèrement et son agresseur se retire immédiatement. «On comprend qu'il s'inquiète de l'éventuel réveil de sa victime et se fige dans une position d'attente. Au bout de 30 secondes, voyant que c'était un réflexe dû à la douleur ou à la gêne, il va réintroduire son sexe dans son vagin».

«Il est clair que les deux hommes agissent de manière très prudente, minutieuse, de manière à ne pas faire de bruit», a martelé M. Bosse-Platière. Et, selon le directeur d'enquête, si Dominique Pelicot a pu être «un peu directif», «il n'y a aucune contrainte physique, aucune menace», comme l'affirme l'accusé. Le policier a également estimé «impossible» que le mis en cause ne soit resté qu'une demi-heure, comme l'avance la défense, précisant que l'accusé était resté «a minima 3h24» sur place, selon l'horodatage des fichiers.

Gisèle Pelicot, 72 ans, avait été érigée en icône féministe il y a un an pour avoir clamé que «la honte doit changer de camp», refusant que le procès en première instance se déroule à huis clos.

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