Confrontation très attendue
Dominique Pelicot revient à la barre au procès en appel des viols de Mazan

A Nîmes, le procès en appel des viols de Mazan se poursuit avec la confrontation très attendue entre l'accusé et Dominique Pelicot, qui n'a pas fait appel de sa condamnation et qui comparait en tant que témoin. L’un se dit manipulé, l’autre affirme qu’il savait.
Publié: 05:07 heures
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Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Husamettin Dogan a-t-il été manipulé par Dominique Pelicot? Le procès en appel des viols de Mazan se poursuit mardi avec le face-à-face très attendu de l'accusé avec le «chef d'orchestre» de ce dossier, qui sera entendu ici comme témoin uniquement. Deux versions a priori opposées vont se confronter dans l'après-midi devant la cour d'assise d'appel du Gard, à Nîmes.

D'un côté, l'accusé, seul des 51 hommes jugés en première instance à avoir fait appel de sa condamnation à neuf ans de prison, qui ne cesse de répéter qu'il a été «piégé» par le «manipulateur» Dominique Pelicot. De l'autre, l'ex-mari de Gisèle Pélicot qui maintient que «tous savaient», y compris donc Husamettin Dogan, qu'ils venaient pour violer sa compagne préalablement sédatée.

«La confrontation des deux hommes sera sans surprise et Dominique Pelicot restera sur son positionnement selon lequel il n'a pas manipulé Husamettin Dogan, qui est venu en connaissance de cause», a assuré lundi à l'AFP son avocate, Béatrice Zavarro. Il y a un an, Dominique Pelicot, 72 ans aujourd'hui, avait d'emblée affirmé devant la cour criminelle de Vaucluse: «Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs».

Dominique Pelicot entendu comme témoin

Cette fois, il sera entendu comme simple témoin puisque lui n'a pas fait appel de sa peine de 20 ans de prison. Cette «étiquette de violeur», Husamettin Dogan la trouve bien trop lourde à porter.

«Je suis là car je n'ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte», a-t-il déclaré lundi à l'ouverture de son nouveau procès. L'accusé se tenait appuyé sur une canne et se déplaçant difficilement à cause d'une polyarthrite qui s'est déclarée, selon lui, lors des 16 mois de détention provisoire effectué après son interpellation en 2021.

L'accusé, qui assure avoir cru participer au jeu consenti d'un couple libertin, affirme n'avoir «jamais su qu'elle était droguée». Son mari ne lui a «jamais dit ça», clame-t-il, alors que ses déclarations sur ce point ont fluctué pendant ses interrogatoires devant les enquêteurs et le juge d'instruction.

Pas de huis clos

Entre 2011 et 2020, Dominique Pelicot a régulièrement drogué aux anxiolytiques Gisèle Pelicot avant de la violer et la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet. Le tout en filmant et archivant méticuleusement les actes commis sur celle-ci dans leur maison à Mazan (Vaucluse). Une partie de ces preuves matérielles, quasi-inédites dans de tels procès pour viol, seront projetées en milieu d'après-midi, après l'audition des deux protagonistes.

Comme à Avignon, Gisèle Pelicot n'a pas réclamé de huis clos et a accepté que les vidéos soient diffusées, demandant seulement à ce que son fils Florian ait le temps de quitter la salle avant. Dans l'une d'elles impliquant Husamettin Dogan, tournée le 28 juin 2019, Gisèle Pelicot semble bouger, l'accusé se retire alors promptement, avant de reprendre rapidement ses actes.

Cela laisse penser qu'il cherchait à éviter qu'elle se réveille. Une attitude opposée au scénario auquel il affirme avoir adhéré, qui supposerait plutôt de «réveiller» par des jeux sexuels une femme faisant semblant de dormir.

Audition de trois témoins mardi

La journée de mardi se terminera par l'audition de trois témoins cités par Gisèle Pelicot: «aussi bien de son entourage de l'époque, pour parler du couple qu'ils formaient, et finalement un peu de ce côté 'Monsieur-tout-le-monde', que personne, y compris les amis proches, ne pouvait imaginer» capable de tels faits. C'est ce qua expliqué à l'AFP l'un de ses avocats, Antoine Camus.

Seront également entendus «des amis actuels de sa nouvelle vie, qui témoigneront de l'ampleur de la destruction et du champ de ruines que ça a été». Les grandes lignes du dossier auront été préalablement rappelées dans la matinée, avec les auditions du commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, directeur d'enquête lorsqu'il qu'il était à la PJ d'Avignon, mais aussi plusieurs experts en toxicologie, gynécologie ou encore en psychologie.

Arrivée et repartie lundi sous les applaudissements du public, Gisèle Pelicot s'exprimera pour sa part mercredi matin. Le verdict est attendu mercredi soir, ou au plus tard jeudi.

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