Jugement en appel
Gisèle Pelicot de nouveau face à un de ses violeurs présumés

Un an après le procès des «viols de Mazan», un seul des 51 accusés fait appel. Le procès en appel débutera le 6 octobre à Nîmes, avec Gisèle Pelicot déterminée à «aller au bout» de cette affaire qui a suscité un débat mondial sur les violences sexuelles.
Publié: 10:19 heures
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Un procès en appel d'un des violeurs présumés de Gisèle Pelicot va début le 6 octobre.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Un an après le retentissement mondial du procès dit des «viols de Mazan», un seul des 51 accusés a finalement demandé un procès en appel, qui commencera le 6 octobre à Nîmes en présence de Gisèle Pelicot, qui entend bien «aller au bout» de ce dossier.

«Elle se serait bien passée de cette épreuve à nouveau» mais «elle vient pour expliquer qu'un viol est un viol, qu'il n'y a pas de petits viols», confie à l'AFP l'un de ses avocats, Antoine Camus.

Un de ses enfants présents

Gisèle Pelicot, 72 ans, a été droguée aux anxiolytiques pendant une décennie par son ex-mari, avec qui elle a partagé 50 ans de sa vie, puis violée par celui-ci et des dizaines d'hommes qu'il recrutait sur internet, principalement dans leur maison de Mazan (Vaucluse).

Contrairement au procès d'Avignon où, pendant quatre mois, Gisèle Pelicot faisait face chaque jour à une cinquantaine d'hommes accusés, elle se retrouvera cette fois-ci face au seul Husamettin D., qui comparaîtra libre lors de ce procès qui doit durer trois ou quatre jours seulement. Un de ses trois enfants, Florian, sera à ses côtés pour la soutenir, selon Me Camus.

«Je ne suis pas un violeur»

En décembre, la cour criminelle de Vaucluse avait condamné Husamettin D. à neuf ans de prison mais il avait bénéficié d'un mandat de dépôt différé pour raison de santé. «Je ne suis pas un violeur, c'est un truc trop lourd à porter pour moi. C'est son mari, j'ai jamais pensé que ce type-là, il pouvait faire ça à sa femme», s'était défendu cet ouvrier du bâtiment de 44 ans lors du premier procès.

Au départ, 16 autres hommes avaient aussi fait appel mais ils ont jeté l'éponge l'un après l'autre. Pour des raisons multiples, selon leurs avocats, allant de la peur de la pression à celle d'une peine alourdie. D'autant que cette fois-ci la cour sera composée de jurés populaires.

Victime d'un manipulateur

Husamettin D. «entend maintenir son appel en intégralité, tant sur la question de sa responsabilité pénale que sur la peine», confiait en juin son avocate, Sylvie Menvielle, rejointe pour l'appel par le pénaliste Jean-Marc Darrigade. Contactés par l'AFP, ils ne souhaitent pas à ce stade s'exprimer sur leur stratégie de défense.

En première instance, leur client se disait victime d'un manipulateur hors-pair: Dominique Pelicot. Personnage central du dossier, le septuagénaire conteste farouchement cette position. Il n'a pas fait appel de sa condamnation à 20 ans de prison et aura donc pour ce nouveau procès le statut de témoin uniquement. Il sera extrait de sa prison, où il est toujours à l'isolement, pour être entendu l'après-midi du deuxième jour d'audience.

Pas question de changer

«Il n'est pas question pour Dominique Pelicot de changer d'optique ou de posture» lors du procès en appel, a expliqué à l'AFP son avocate, Béatrice Zavarro, qui rappelle que les premiers mots de son client à Avignon avaient été: «Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs».

Reconnus pour la plupart coupables de viols, ses 50 coaccusés, âgés de 27 à 74 ans, avaient tous été condamnés à des peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour un retraité seulement jugé pour agression sexuelle, à 15 ans de réclusion criminelle pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot.

Husamettin D. avait, lui, expliqué avoir rencontré sur internet, en décembre 2019, un homme se présentant comme membre d'un «couple libertin» dont la femme «ferait semblant de dormir». Le soir même, alors qu'il s'affairait sur le corps inerte de Gisèle Pelicot depuis au moins une demi-heure, il ne se serait rendu compte qu'en entendant ses ronflements que quelque chose n'était pas normal. Disant être parti précipitamment, il n'avait pas jugé utile d'alerter les autorités.

Une affaire d'intérêt public

Pour ce nouveau procès, plus de 100 journalistes sont accrédités, témoignant de l'intérêt pour une affaire qui a largement dépassé les frontières françaises, suscitant des débats nourris sur les violences sexuelles, le consentement, la soumission chimique ou encore la définition juridique du viol.

En renonçant à un procès à huis clos à Avignon pour que «la honte change de camp», Gisèle Pelicot, reconnaissable avec son carré roux et ses lunettes de soleil, est devenue sans le chercher une icône féministe mondiale, son visage en Une des plus grands journaux du monde ou placardé sur les murs de Lille, Madrid ou Bruxelles.

«Il y a un an, le procès dit des viols de Mazan a fait basculer l'opinion», soulignait début septembre une coalition de 130 associations féministes, de défense des droits des enfants, syndicats et ONG. «Cette prise de conscience doit maintenant se traduire en actes. Car si la justice est passée à Mazan, c'est trop rarement le cas dans les affaires de violences sexuelles», ajoutait-elle.

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