Le parquet français a requis 12 ans de réclusion jeudi contre Husamettin Dogan, l'unique accusé ayant fait appel de sa condamnation dans le dossier des viols de Mazan, pour avoir agressé sexuellement Gisèle Pelicot. En première instance, M. Dogan avait été condamné à 9 ans de prison après que le parquet en avait réclamé douze.
«Le viol, c'est comme une petite mort qui est des plus sournoises. Qui est une destruction au compte à rebours et à ce titre la peine ne peut être qu'à hauteur de la gravité des faits» commis par M. Dogan, a justifié l'avocat général Dominique Sié. Il a expliqué qu'il s'agissait d'un homme «totalement responsable de ses actes» qui «a dénié l'humanité de Mme Pelicot» et a «participé comme tous les autres à une oeuvre de destruction massive d'une femme livrée en pâture».
Des vidéos qui font froid dans le dos
Il y a un an, 51 hommes avait été condamnés dans ce dossier qui a bouleversé le monde entier. Mme Pelicot avait été violée pendant une décennie par des dizaines d'inconnus à l'instigation de son mari, Dominique Pelicot, qui la droguait préalablement.
Tout au long de son réquisitoire, l'avocat général a fustigé sa «position de dénégation de toute responsabilité», malgré les preuves, notamment des vidéos qui «font froid dans le dos, désespérantes».
«Les actes sexuels commis sur personne endormie sont constitutifs du viol car la victime n'a pas été en mesure d'exprimer» son consentement, a-t-il martelé, contredisant la défense de l'accusé qui estime qu'il n'avait «jamais eu l'intention» de violer Mme Pelicot, car il pensait participer à un jeu libertin. Un point balayé par M. Sié qui a rappelé que «l'intention en droit, ce n'est pas le projet mais la commission de l'acte».
Se tournant à nouveau vers Gisèle Pelicot, il a affirmé que «la honte, elle n'a pas encore changé de camp. La société, peut-être, est en train de le faire dans le cadre de cette conscience collective. Peut-être pas par vous, vous n'êtes pas une icône comme vous dites, mais par l'exposition de ce dossier».
Le verdict est attendu dans l'après-midi. L'accusé risque à nouveau la peine maximale de 20 ans de réclusion.