Procès du Rassemblement National
La parole à la défense de Marine Le Pen pour lui éviter la «mort politique»

Au procès du Rassemblement National, la défense de Marine Le Pen plaide son innocence. Face à la menace d'inéligibilité, son avocat tentera de convaincre le tribunal que la cheffe de l'extrême droite ne mérite pas la «mort politique» réclamée par l'accusation.
Publié: 27.11.2024 à 08:39 heures
Marine Le Pen encourt une peine d'inéligibilité qui la priverait d'élection présidentielle en 2027.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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AFP Agence France-Presse

Au procès du Rassemblement National en France, la défense de Marine Le Pen va tenter mercredi de convaincre le tribunal que la cheffe de file de l'extrême droite est «innocente» et ne mérite pas la «mort politique», réclamée selon elle par l'accusation. Triple candidate à la présidentielle (2012, 2017 et 2022), Marine Le Pen, jugée depuis le 30 septembre avec son parti et 24 autres prévenus, est menacée, si le tribunal suit le réquisitoire, de ne pas pouvoir se présenter aux prochaines élections.

Dernier des avocats de la défense à plaider, Me Rodolphe Bosselut se lèvera face aux magistrats à partir de 13H30, pour trois heures environ. Comme l'a fait avant lui la défense des autres prévenus (en plus du Rassemblement national jugé comme personne morale), il demandera la relaxe de sa cliente, qui n'a cessé de clamer, depuis l'ouverture du procès des assistants d'eurodéputés RN, n'avoir «violé aucune règle».

Marine Le Pen outrée et hors d'elle

Sans convaincre l'accusation. Dans ses réquisitions il y a deux semaines, le parquet a réclamé à l'encontre de Mme Le Pen cinq ans de prison dont deux ans ferme aménageables, 300'000 euros d'amende, et surtout cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire - qui s'appliquerait immédiatement même en cas d'appel, et mettrait en péril ses ambitions pour la présidentielle de 2027.

«Très sereine» à l'ouverture du procès le 30 septembre, Marine Le Pen était hors d'elle après les réquisitions. Devant les caméras à la sortie de la salle d'audience, elle en avait dénoncé «l'outrance» et «la violence». «Je pense que la volonté du parquet est de priver les Français de la capacité de voter pour ceux qu'ils souhaitent» et de «ruiner le parti» - contre qui 4 millions d'euros d'amende (dont 2 ferme) ont été requis -, avait dit la triple candidate à la présidentielle.

Avant d'ajouter à la télévision le lendemain: «c'est ma mort politique qui est réclamée». La demande d'inéligibilité immédiate avait rendu soudainement bien réelle la possibilité que Marine Le Pen ne puisse pas se présenter en 2027, et pris tout le monde de court, provoquant des critiques dans son camp politique et au-delà.

Un réquisitoire aux airs de «manifeste» politique

Le parquet l'avait justifié par le risque de «réitération» de détournements de fonds publics, qui s'étaient «répétés» pendant 12 ans (entre 2004 et 2016) et ne s'étaient «interrompus» qu'à cause du signalement du Parlement européen, qui a estimé son préjudice financier à 4,5 millions d'euros.

Quant aux prévenus ayant nié en bloc l'existence d'un «système» mis en place pour payer des assistants parlementaires «fictifs» avec l'argent européen, ils n'ont fait preuve pendant l'audience d'aucune «remise en question», a accusé le parquet, soulignant encore que le parti avait déjà été condamné pour des faits de détournement de fonds.

«Nous ne sommes pas ici dans une enceinte politique, mais judiciaire, et le droit, la loi s'applique à tous», avaient conclu les procureurs. Un réquisitoire aux airs de «manifeste» politique avec des peines «asphyxiantes, éliminatoires», s'est étranglé dans sa plaidoirie mardi l'avocat du Rassemblement national, Me David Dassa Le Deist. A contre-courant du parquet qui a selon lui «piétiné la séparation des pouvoirs», l'avocat a appelé le tribunal «à retrouver le domaine du droit». Ce procès, «à cause des réquisitions, est devenu un symbole de l'état de notre démocratie», a-t-il soutenu.

Jugement sera rendu dans plusieurs mois

Le tribunal annoncera la date du rendu du jugement – pas avant plusieurs mois – mercredi à la fin de l'audience. Avant cela, la présidente Bénédicte de Perthuis donnera la parole une dernière fois aux 25 prévenus, mais cela pourrait être bref: plusieurs d'entre eux ont déjà parlé à l'issue de la plaidoirie de leur avocat pour ne pas avoir à revenir à l'audience.

Et la défense a finalement convaincu l'ex-numéro 2 du Front national (devenu RN) Bruno Gollnisch de prononcer mardi ses nombreux derniers mots (plus d'une heure), plutôt que le lendemain après la plaidoirie du conseil de Marine Le Pen. Cette dernière jurait mardi en marge de l'audience qu'elle n'aurait «plus rien à ajouter» après la plaidoirie de son avocat.

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