Shein, AliExpress, Temu et Wish dans le viseur
Poupées sexuelles: la justice française lance une enquête sur les plateformes asiatiques

La justice française enquête sur Shein, AliExpress, Temu et Wish pour diffusion de contenus sexuels accessibles aux mineurs et vente de poupées à apparence d’enfants. Shein et AliExpress ont retiré les annonces.
Publié: 00:21 heures
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La justice française enquête sur Shein, AliExpress, Temu et Wish pour vente de poupées sexuelles accessibles aux mineurs.
Photo: DR

Les géants asiatiques de la vente en ligne sont en ligne de mire de la justice française qui, au nom de la protection des mineurs, a lancé des enquêtes sur le site de Shein et ses concurrents AliExpress, Temu et Wish, notamment pour avoir proposé des poupées sexuelles.

Lundi soir, le parquet de Paris a annoncé à l'AFP avoir confié quatre enquêtes à l'Office des mineurs (Ofmin). Ces investigations portent sur la «diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur» pour les quatre sites.

Dans le cas de Shein et AliExpress, qui proposaient des poupées ayant l'apparence d'enfants, les enquêtes visent aussi la «diffusion de l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique». Le parquet souligne avoir été saisi par des signalements de la Répression des fraudes (DGCCRF), qui dénonçait «l'accessibilité de contenus sexuels par des mineurs, ainsi que la mise en vente d'objets sexuels revêtant l'apparence d'enfants, et donc à caractère pédopornographique».

Lundi soir, Shein a affirmé avoir supprimé l'intégralité des annonces et visuels associés aux «poupées sexuelles», et avoir temporairement déréférencé sa catégorie «produits pour adultes». AliExpress a assuré que «les annonces concernées (par le signalement) ont été retirées».

Menace d'interdiction

Plusieurs responsables politiques étaient montés au front, le ministre de l'Economie Roland Lescure menaçant de demander, «si ces comportements sont répétés, (...) qu'on interdise l'accès de la plateforme Shein au marché français».

«C'est tout à fait inacceptable et soulève la question, plus généralement, de la manière dont le marché unique européen, dont notre marché intérieur, est envahi par des produits contrefaits», a ajouté le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Shein sera auditionnée sous quinze jours à l'Assemblée nationale par la mission d'information sur les contrôles des produits importés en France.

«Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres», a condamné sur la chaîne BFM la haute-commissaire à l'Enfance Sarah El-Haïry. «Ce sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s'entraînent malheureusement, parfois avant de passer à des sévices sur des enfants», a-t-elle ajouté.

«Indécent»

Entreprise aux racines chinoises qui a conquis le marché mondial de l'ultra fast-fashion, Shein s'est implantée progressivement dans le paysage du commerce en ligne depuis son arrivée en France en 2015. Régulièrement accusée de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de conditions de travail indignes, le géant chinois a prévu d'ouvrir mercredi son tout premier magasin physique pérenne au BHV, historique grand magasin dans le centre de Paris.

Sur la devanture du BHV, le patron de Shein Donald Tang et celui de la société des grands magasins (SGM), propriétaire du BHV, Frédéric Merlin, s'affichent tout sourire sur une immense affiche. S'il juge «indécent» et «inacceptable» la vente de ces poupées, Frédéric Merlin a défendu lundi le partenariat avec l'entreprise asiatique.

«Le principe même de notre partenariat est clair: seuls les vêtements et articles conçus et produits directement par Shein pour le BHV seront vendus en magasin», assure-t-il. «Aucun produit issu de la marketplace internationale de Shein n'est concerné». L'association Origine France Garantie appelle, elle, au boycott médiatique de Shein, dont l'ouverture du magasin est prévue à la veille du salon du Made in France, à Paris, de jeudi à dimanche.

De son côté, le directeur des opérations de l'exploitant des Galeries Lafayette sur le territoire français hors de Paris, Karl-Stéphane Cottendin, a affirmé lundi sur BFMTV que le calendrier d'ouverture des points de vente de Shein ailleurs qu'à Paris était à «redéfinir», sans donner plus de précisions.

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