Ils gambadent joyeusement derrière leur mère et crapahutent déjà sur les branches: trois fossas - une espèce vulnérable emblématique de Madagascar dont la reproduction est particulièrement délicate - sont nés au Parc zoologique de Paris.
Ressemblant à un petit puma couleur taupe, à la longue queue et aux petites oreilles rondes, ce prédateur de la famille des Eupleridae est le plus grand carnivore de Madagascar. Arboricole, il se nourrit principalement de lémuriens.
Les petits – deux mâles et une femelle qui n'ont pas encore de noms –, sont nés le 8 mai et sont désormais visibles par le public quelques heures par jour dans leur enclos. Il s'agit de la troisième portée pour la femelle de 11 ans, Zanahary. Le mâle reproducteur, âgé de 13 ans, a été prêté par un zoo belge dans le cadre d'un échange temporaire organisé par le programme de conservation européen.
Un succès majeur pour l'espèce
Ces naissances sont exceptionnelles. En 2025, seuls 11 fossas sont nés en captivité dans le monde, à Paris, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. La reproduction est en effet un «challenge pour les équipes», souligne Alexis Lécu, le directeur scientifique du Parc zoologique de Paris.
«Dans le milieu naturel, ce sont des espèces très solitaires qui ne se tolèrent pas du tout et qui ne se rencontrent que lorsque la femelle est en chaleur», soit quatre à cinq jours par an, explique-t-il.
«La femelle monte dans les arbres d'où elle appelle les mâles. Plus les jours avancent, plus le mâle peut perdre patience et moins la femelle est réceptive. Il faut qu'on détecte ce moment le plus tôt possible pour éviter que ça aille au conflit qui peut être létal», raconte le vétérinaire. Les petits fossas vont rester auprès de leur mère «pendant un an, un an et demi» comme «dans leur habitat naturel», précise Alexis Lécu. Puis, ils seront envoyés dans d'autres parcs zoologiques.
Classée comme espèce vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population de fossas à Madagascar est estimée à entre 2.500 et 3.500 individus, menacée par la «disparition de son habitat», la «raréfaction des proies» et les «méthodes de lutte contre les prédateurs» mises en place par les éleveurs (piégeage, poison...), détaille Alexis Lécu.
S'il n'y a «pas encore de plan de réintroduction» sur la grande île, un millier sont répartis dans des parcs zoologiques à travers le monde, «ce qui fait la différence si jamais il y avait un problème à Madagascar: maladie infectieuse, problème climatique, disparition de forêt» , ajoute-t-il.