Marseille en proie aux flammes. Pour l’heure, l’incendie qui continue de se propager autour de la ville ne menace pas encore le cœur de la métropole méridionale française. Reste que l’inquiétude est de mise, alors que le mistral, le typique vent provençal, souffle sans interruption et attise le feu. A 17 heures, 700 hectares étaient en proie à l’incendie qui s’est déclaré ce mardi 8 juillet dans la matinée. La suite va dépendre de ces 5 questions.
Marseille peut-elle s’enflammer?
La réponse est malheureusement oui. En 1997, l’un des pires incendies de son histoire avait déjà eu lieu aux abords de la ville. Le feu avait dévasté 3500 hectares, autour de Septèmes-les-Vallons. Son origine était, alors, un camion d’immondices comportant des déchets inflammables. Le plus terrible incendie qui a touché Marseille est celui des Nouvelles Galeries, survenu le 28 octobre 1938, dans un grand magasin situé sur la Canebière. Il avait causé la mort de 73 personnes.
Dans le cas de cet incendie, le sinistre aurait été causé par un véhicule en feu vers 11 heures, près de l’autoroute A7 qui relie le sud de la France. Il s’agit du troisième départ de feu en trois jours qui menace la préfecture des Bouches-du-Rhône. 700 pompiers ont été mobilisés.
Marseille est-elle vulnérable?
Le fait que Marseille soit un port, et que l’accès à l’eau soit facilité, permet de circonscrire rapidement les incendies. La vulnérabilité de la métropole vient, en revanche, du nombre des maisons individuelles, en particulier dans certaines parties des quartiers nord, mais aussi dans les banlieues comme à Pennes-Mirabeau, l’une des villes touchées de la périphérie marseillaise. Preuve du risque: un plan de prévention des risques d’incendies de forêts a été adopté en 2018 par la commune de Marseille. Il prévoit des «plantations à éviter et un entretien de la végétation», la «réalisation d’équipements de lutte contre les incendies, ainsi qu’une surveillance accrue des normes de constructions, des ouvrages, et espaces mis en culture ou plantés».
Marseille est-elle coupée du monde?
La ville reste accessible à l’heure d’écrire ces lignes, malgré la fermeture provisoire de l’aéroport de Marseille-Provence et la suppression de tous les trains attendus mardi à la gare Saint-Charles. Toutes les routes qui y mènent ne sont pas coupées. Les feux se concentrent dans sa périphérie nord. Le danger vient du mistral qui souffle fort et rabat les flammes vers le sud, c’est-à-dire vers la ville et ses quartiers très densément peuplés.
Selon une brochure éditée par la municipalité, «les feux se produisent préférentiellement pendant l’été, mais plus d’un tiers ont lieu en dehors de cette période. La sécheresse de la végétation et de l’atmosphère accompagnée d’une faible teneur en eau des sols sont favorables aux incendies. Les espaces naturels les plus menacés représentent près de 9000 hectares, soit environ 37% de la superficie communale. Sur la période 1973-2019, Marseille a totalisé 758 incendies pour une surface totale parcourue de 9559 hectares».
Marseille va-t-elle s’en sortir?
Face à la menace du feu, la préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a demandé aux habitants du 16e arrondissement (divisé en quatre quartiers: L’Estaque, Les Riaux, Saint-André et Saint-Henri) de rester confinés chez eux. Les habitants ont été priés de fermer les volets et de poser des linges humides dans les interstices. Les flammes, en début de soirée, touchaient le quartier du Verduron. Une forte explosion y a retenti. «Je pense que c’est la maison qui a pété. Là, on dirait l’apocalypse, la fin du monde», a expliqué à France Info une résidente marseillaise. Le bataillon de marins-pompiers de Marseille est la plus grande unité de la Marine nationale avec plus de 2500 militaires et civils au total. Il dispose de 17 centres d’incendie et de secours intra-muros.
Marseille va-t-elle être aidée?
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a promis l’aide de plusieurs unités de pompiers extérieures à Marseille. Le cauchemar serait que les feux subsistent à l’aube mercredi. Selon Benoît Payan, maire socialiste de Marseille cité par Radio France, «on n’a pas de victimes à déplorer» à cette heure. «Neuf pompiers sont légèrement blessés […] une vingtaine d’habitations plus ou moins touchées et 400 personnes évacuées. Mais attention: «On ne peut pas encore parler d’un feu maîtrisé», a-t-il admis en soirée. Près de 600 places d'hébergement d'urgence ont été libérées.