Accusé de multiples viols et agressions sexuelles sur une vingtaine de jeunes hommes pour la plupart mineurs, un ancien opérateur du Samu de 60 ans a reconnu une grande partie des faits à l'ouverture de son procès lundi devant la cour criminelle du Rhône.
Par un hochement de tête, après la longue énumération des faits pour lesquels il comparait, qui se sont déroulés du début des années 1990 jusqu'à son arrestation en 2021, Laurent Moussière a reconnu la quasi-totalité des faits reprochés. «Je reconnais avoir eu des relations avec des adolescents», a-t-il déclaré, interrogé par le président de la cour, avant que celle-ci ne se penche sur sa personnalité. Il nie les faits en ce qui concerne deux personnes considérées comme vulnérables.
Procès sur deux semaines
«Il a envie de s'expliquer», a indiqué Me Baptiste Bouillon, l'un des avocats de la défense juste avant l'ouverture du procès. «Il ne se souvient pas de tout. Il y a des faits qui remontent à plus de 30 ans. Mais il va autant que possible s'expliquer sur ces faits», a-t-il assuré. Le procès doit se dérouler sur deux semaines. «Chaque victime va être entendue et il pourra s'expliquer sur chaque victime. C'est ce qu'il attend aussi», dit Me Baptiste Bouillon.
Opérateur du Samu au moment de son interpellation à Périgueux, l'accusé a également été bénévole à la Croix-Rouge à Lyon et dans sa périphérie pendant de longues années. L'ONG s'est portée partie civile dans ce procès. Il a aussi travaillé pour les services de la police judiciaire et possédait une série de diplômes de secourisme: maitre-nageur, secours en montagne...
Un «mode opératoire» similaire
Selon l'accusation, citée par le président de la cour, de par «son âge, sa fonction, sa situation financière et sociale», Laurent Moussière s'est retrouvé dans une position «d'emprise» sur un certain nombre d'adolescents. De son propre aveu à l'enquêtrice de personnalité, la vie de l'accusé dans les années 1990 jusqu'en 2011, est «rythmée entre boulot et fête».
Il avait l'habitude de recueillir des jeunes en difficulté, et d'organiser des fêtes. De nombreuses photographies ont été retrouvées lors des perquisitions en lien avec l'enquête, dont certaines pouvaient avoir un caractère pornographique. Les victimes retrouvées au fur et à mesure de l'enquête, lancée en 2019 par les déclarations spontanées d'un homme venu témoigner à la gendarmerie sur une toute autre affaire – une bagarre dans la région lyonnaise – ont pour beaucoup décrit un «mode opératoire» similaire. Des viols et agressions sexuelles par surprise, parfois dans leur sommeil, après que la victime a consommé alcool ou drogues.
Des personnes en manque de repères
«Il trouvait des personnes en manque de repères familiaux», a expliqué à l'AFP l'avocat d'une partie civile, Me Grégoire Deydier. L'accusé parvenait à exercer une «influence psychologique» sur les jeunes, selon lui. Au total, 13 personnes se sont portées parties civiles. Si 38 victimes ont été recensées pendant l'instruction, 21 ont été retenues, à cause de la prescription de certains faits.
L'accusé encourt jusqu'à 20 ans de prison. Les plaidoiries doivent débuter le 11 décembre, avec un délibéré attendu le 12 décembre au soir. Dans un dossier parallèle à cette affaire, Laurent Moussière a été condamné à un an de prison en 2023 pour corruption de mineurs, qu'il avait l'habitude de rencontrer sur des sites et applications.
A la fin des années 1990, il avait fait l'objet d'un signalement pour «pédophilie» par la mère d'un adolescent, et avait été suspendu à titre conservatoire de ses fonctions. Mais l'enquête n'a pas connu pas de suites.