Colère des agriculteurs
Nouveau cas de dermatose en France, les syndicats rencontrent Macron

Emmanuel Macron a rencontré ce mardi les syndicats agricoles à Paris pour discuter de l'accord UE-Mercosur, fortement contesté. Dans le même temps, un nouveau foyer de dermatose a été découvert en Haute-Garonne.
La colère des agriculteurs reste vive, tandis qu'un nouveau cas de dermatose a été découvert.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain. La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont indiqué à l'AFP que la rencontre débuterait à 16H30.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Le Mercosur piétine

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens. Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les «avancées» réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que «le texte change de nature». Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être «plutôt positif» quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Le grand «non» des milieux agricoles

«Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON», a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue à ce rendez-vous auquel la ministre de l'Agriculture Annie Genevard assistera, selon son cabinet.

«Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas», a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des «mesures miroir pour garantir la réciprocité», des «contrôles douaniers» et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes. Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre l'abattage total des foyers dans lesquels des cas de dermatose bovine sont détectés dans le Sud-Ouest.

Nouveaux cas de dermatose

Le ministère de l'Agriculture a confirmé mardi un nouveau cas de dermatose en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France, et le foyer a été abattu. C'est le premier foyer majeur depuis le 15 décembre dans l'Aude. Un foyer d'une poignée de vache a été confirmé lundi dans les Pyrénées-Orientales.

L'épizootie a d'abord sévi en Savoie cet été (76 cas) avant d'arriver mi-octobre dans le Sud-Ouest, qui a recensé 27 cas depuis. Mardi, les blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 au sud de Bordeaux ou sur l'A64 à Carbonne (Haute-Garonne) et Briscous (Pyrénées-Atlantiques).

Mobilisation en baisse

Un tronçon de 80 km entre la Haute-Garonne et le Pays basque a néanmoins été rouvert, selon Vinci Autoroutes. A Cestas au sud de Bordeaux, les manifestants de la Coordination rurale de Gironde (CR33) ont pour leur part annoncé vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés à Carbonne près de Toulouse.

Même si la CR33 a libéré une bretelle d'accès pour permettre aux vacanciers de contourner le barrage dans le sens Nord-Sud, le maintien de ces blocages laisse entrevoir des complications sur les routes pour la veille de Noël mercredi, «l'une des journées les plus chargées» de la période des fêtes, selon les prévisions de Bison-Futé.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


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