Moins d'une semaine avant la commémoration des attentats du 13 novembre, la justice enquête sur des soupçons de projet terroriste liés à Salah Abdeslam, avec désormais trois personnes en garde à vue, dont la compagne du dernier membre vivant des commandos de Paris et Saint-Denis.
Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible et incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) pour sa participation à ces attentats, avait été placé en garde à vue, avant qu'elle soit levée, dans une enquête ouverte en janvier 2025 et portant sur une détention illicite d'un objet en détention, une clé USB.
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Samedi, le Pnat a annoncé que l'enquête avait été «étendue» à l'infraction d'association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un crime contre les personnes. Après sa garde à vue de mardi, Salah Abdeslam a de nouveau été retenu puis relâché vendredi, d'après le ministère public. Le visent des soupçons de recel d'objets illicites à détenu.
Me Olivia Ronen, l'une de ses avocats, a décliné tout commentaire, invoquant le secret de l'enquête. Le parquet a précisé qu'«une deuxième personne avait été placée en garde à vue mardi. Sa garde à vue est toujours en cours et a été prolongée au-delà des 96 heures initiales, d'une nouvelle durée de 24h.»
Garde à vue exceptionnelle
La justice a utilisé un article du code de procédure pénale prévoyant une prolongation exceptionnelle de garde à vue au-delà des 96 heures, en cas de «risque sérieux de l'imminence d'une action terroriste en France ou à l'étranger» ou si «les nécessités de la coopération internationale le requièrent impérativement». Cette mesure, qui se fait sur autorisation d'un juge des libertés et de la détention, est très rarement utilisée par la justice antiterroriste.
RTL a indiqué jeudi que cette personne est la compagne de Salah Abdeslam, présentée par Le Parisien comme Maëva B., âgée de 27 ans, qui aurait entretenu une relation épistolaire de longue date avec le détenu avant d'être autorisée à le rencontrer.
Selon le Pnat, elle est en garde à vue pour recel d'objets illicites à détenu et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. «Deux autres personnes ont été placées en garde à vue, du chef d'association de malfaiteurs terroriste criminelle, vendredi. Leurs gardes à vue sont en cours», a encore précisé le parquet.
«Dysfonctionnements»
Le Pnat a confié l'enquête à la Sous-direction antiterroriste (Sdat) avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Une source syndicale pénitentiaire avait indiqué jeudi à l'AFP «qu'il a été retrouvé des connexions de clé USB» sur l'ordinateur de Salah Abdeslam, qu'il a légalement eu le droit de s'acheter pour «suivre des cours», mais avec un «usage très limité».
Cette clé USB, qui selon Le Parisien aurait permis de transférer de la propagande jihadiste sur l'ordinateur de Salah Abdeslam, «a été cherchée mais n'a pas été retrouvée», selon la source syndicale. Toujours selon cette source, son régime de détention DPS, pour «détenu particulièrement signalé», fait qu'il est soumis à des «changements de cellules réguliers» à l'occasion desquels des contrôles systématiques sont opérés sur ses affaires.
Commémoration du 13 novembre
En marge d'un déplacement à Lyon, Gérald Darmanin a expliqué jeudi avoir ordonné «des fouilles systématiques pour les détenus les plus dangereux» à son arrivée au ministère de la Justice, fin décembre 2024. Selon lui, c'est dans ce cadre que la clé USB a été découverte.
«Ça veut donc dire qu'il y a eu des dysfonctionnements incontestables, ça veut donc dire que nous avons eu raison de faire ces fouilles, ça veut aussi dire que nous avons raison de changer le modèle carcéral», en créant des quartiers de haute sécurité notamment à Vendin-Le-Vieil, a-t-il ajouté.
La France va commémorer le 13 novembre, au cours d'une journée d'hommage aux victimes, les dix ans des attentats qui avaient fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Dans un entretien à l'AFP diffusé samedi, le procureur national antiterroriste Olivier Christen affirme que la menace jihadiste est «la plus importante à la fois dans son volume et dans le niveau de préparation des passages à l'acte» et «s'accroît» depuis trois ans.