La France s'apprête à replonger dans une crise politique avec la chute attendue lundi du gouvernement de François Bayrou lors d'un vote de confiance au Parlement. Celui-ci le président Emmanuel Macron face à un dilemme: persévérer ou dissoudre l'Assemblée nationale.
A 15h, François Bayrou, Premier ministre depuis moins de neuf mois, montera à la tribune du Palais Bourbon pour engager la responsabilité de son gouvernement sur son projet de budget d'austérité qui vise à endiguer l'endettement exponentiel du pays (114% du PIB). La réponse des 577 députés est attendue lors d'un vote dans la soirée.
Une chute annoncée
Mais il n'y a aucun suspense: la coalition parlementaire soutenant Emmanuel Macron n'a pas la majorité et les partis d'opposition, de l'extrême droite à l'extrême gauche, ont prévenu qu'ils voteraient non. Le gouvernement de François Bayrou, quatrième Premier ministre nommé par Emmanuel Macron depuis sa réélection en 2022 et deuxième depuis qu'il a dissous l'Assemblée nationale en juin 2024, va tomber.
Et la France, qui ploie chaque jour un peu plus sous le poids de sa dette publique, s'enfoncera dans la crise politique, avec des partis à couteaux tirés, la prochaine élection présidentielle de 2027 en ligne de mire. «Voilà des formations politiques qui non seulement ne sont d'accord sur rien, mais bien pire que cela, sont en guerre civile ouverte les unes avec les autres (...) Et elles se mettent ensemble pour abattre le gouvernement», a fustigé dimanche François Bayrou sur le média en ligne Brut.
L'impossible équation de Macron
Emmanuel Macron est de nouveau confronté à une impossible équation pour sortir de l'impasse parlementaire: négocier avec certains partis pour se mettre d'accord sur un Premier ministre qui ne serait pas immédiatement rejeté par les députés, ou dissoudre l'Assemblée nationale et espérer que le nouvel hémicycle lui soit plus favorable, une gageure vu sa grande impopularité.
Environ 77% des personnes désapprouvent son action, le pire taux qu'il ait jamais obtenu depuis son arrivée au pouvoir en 2017, selon un récent sondage Ifop. Et selon un sondage paru dimanche, en cas de législatives anticipées le Rassemblement national de Marine Le Pen (RN, extrême droite) et ses alliés arriveraient largement en tête du premier tour avec 33% des suffrages devant la gauche et le camp présidentiel.
«La nomination d'un nouveau Premier ministre est plus probable que des élections anticipées», selon le cabinet d'analyse américain Teneo. Mais comme Emmanuel Macron avait pris beaucoup de monde par surprise lorsqu'il avait dissous l'Assemblée en juin 2024, «une surprise similaire n'est pas à exclure».
Un pays sans majorité
Confronté à une extrême droite de plus en plus conquérante au fil des ans et des élections, et à une gauche radicale (La France insoumise) extrêmement vindicative, Emmanuel Macron doit tenter d'élargir son bloc central. Il pourrait ainsi tenter de désigner un Premier ministre accepté par le Parti socialiste, tout en prenant garde à ne pas s'aliéner sa propre aile droite.
«Le problème actuel en France, c'est que chacun (des partis) a des lignes rouges et que ces lignes rouges rendent totalement impossible la formation d'une coalition. Il n'y a pas de coalition majoritaire, une coalition qui puisse tenir durablement», estime pour l'AFP Mathieu Gaillard, de l'Institut de sondage Ipsos.
Quant à de nouvelles élections, elles ne changeraient sans doute pas grand-chose. «Il n'y a pas de majorité en France. Aucun des trois blocs (gauche, centre, extrême droite, ndlr) n'a un soutien électoral qui lui permette d'obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale», résume-t-il.
Mouvements sociaux à venir
En plus de la crise budgétaire et du marasme politique, la France se prépare à une période d'agitation sociale, avec une première journée test mercredi. Un mouvement nébuleux né durant l'été sur les réseaux sociaux sous le slogan «Bloquons tout», soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, a appelé à paralyser le pays mercredi, mais la portée réelle de la mobilisation reste incertaine.
Dans un registre plus traditionnel, les syndicats ont appelé à une journée de grève le 18 septembre pour dénoncer la politique du gouvernement et le projet de budget de François Bayrou. Selon toute vraisemblance, ce dernier ne sera plus à la tête du gouvernement ce jour-là.