Les airbags défaillants du fabricant Takata ont fait une deuxième victime avérée en France métropolitaine, relançant le débat sur les mesures de rappel nécessaires. La responsabilité des airbags Takata a été confirmée dans la mort d'une femme de 37 ans dans un accident sur l'autoroute le 11 juin à Reims.
L'explosion de l'airbag dans sa Citroën C3 de 2014 a provoqué «de très graves blessures» ayant entraîné sa mort, a indiqué mardi le procureur de Reims François Schneider, confirmant des informations de Radio France publiées lundi. Le ministre des Transports a demandé mardi l'immobilisation de toutes les Citroën C3 et DS3 nécessitant un changement d'airbags. Jusqu'à présent, certains conducteurs avaient été invités à faire remplacer leurs airbags mais pas à ne plus utiliser leurs véhicules.
Enquête pour homicide involontaire
Mardi, le ministre des Transports Philippe Tabarot a demandé l'immobilisation de toutes les Citroën C3 et DS3, afin de changer leurs airbags. Citroën a réagi en fin de journée en demandant par la voie de son directeur Xavier Chardon auprès de l'AFP un rappel, appelé «stop drive», dans toute l'Europe «compte tenu du contexte». Cela signifie une immobilisation immédiate de toutes les voitures de modèle C3 et DS3, quelle que soit leur année de production, suivie d'une réparation. 441'000 voitures Citroën C3 et DS3 fabriquées jusqu'en 2019 sont concernées en Europe, dont 82'000 en France, en plus de celles qui avaient déjà été immobilisées. «Il est important que les clients prennent contact avec nous», a-t-il déclaré.
Pour l'association des consommateurs UFC-Que choisir, «ce nouveau décès est inacceptable et aurait été évité si les mesures nécessaires avaient été mises en place par Stellantis». Elle a porté plainte et demandé la création d'une commission d'enquête «afin que les dysfonctionnements soient identifiés et que les responsabilités soient pleinement établies», a-t-elle déclaré à l'AFP. Le parquet de Reims a ouvert une enquête pour homicide involontaire puis s'est dessaisi au profit du parquet de Paris qui regroupe les procédures dans le dossier Takata au niveau national.
30 accidents en France
Le scandale des airbags Takata secoue le secteur mondial de l'automobile depuis 2014, forçant de nombreux constructeurs à immobiliser des centaines de milliers de véhicules à travers le monde, afin de remplacer ces équipements de sécurité. A cause d'un gaz qui se dégrade avec le temps, notamment sous les climats chauds et humides, ces airbags risquent d'exploser en causant des blessures graves voire mortelles pour le conducteur et le passager avant.
L'accident de Reims est le deuxième accident mortel en métropole lié à ces airbags, a confirmé mardi le ministère des Transports. Jusqu'à l'annonce de ce décès, le ministère des Transports avait recensé 29 accidents ayant provoqué onze décès Outre-mer, où les airbags se dégradent plus vite, et un en métropole fin 2023.
La victime avait reçu une lettre
Le ministre Philippe Tabarot a indiqué à l'AFP avoir convoqué les dirigeants de Citroën et demandé une mesure de «stop drive», c'est-à-dire d'immobilisation, pour «l'ensemble des C3 et DS3 faisant l'objet d'un rappel». Citroën a demandé en février 2025 aux propriétaires de C3 du nord de la France construites entre 2008 et 2013 de ne plus conduire leur véhicule jusqu'au changement de l'airbag, dans le cadre d'une procédure appelée «stop drive».
Pour les modèles fabriqués à partir de 2014, un rappel en concession par lettre simple, sans «stop drive», a été lancé au mois de mai 2025. Sur plus de 690'000 Citroën C3 et DS3 équipées de ces airbags défaillants, 481'000 ont été traités, a indiqué Stellantis mardi, soit 69,7% des véhicules concernés.
Le groupe a précisé avoir envoyé le 20 mai une lettre recommandée à la future victime. Mais l'adresse issue du fichier des cartes grises était incorrecte et la lettre a été renvoyée à l'expéditeur. «Cet accident pose notamment la question des analyses de risques réalisées par le constructeur», a estimé le ministère dans un communiqué. «Nos analyses ne montraient pas de risque de dégradation au-delà de 2013», a affirmé mardi un porte-parole de Stellantis. «On est en train de réévaluer la situation afin de prendre les mesures nécessaires».
A l'arrivée des secours sur l'autoroute, la conductrice présentait de «très graves blessures» au visage. Sa passagère arrière, âgée de 13 ans, a été «très légèrement blessée». L'airbag Takata a été «éjecté du véhicule» et retrouvé sur la route. Une «pièce métallique» a été retrouvée «dans le larynx de la victime». Elle est décédée samedi soir. Une enquête est en cours.