On soulève le couvercle: ça sent le top chef, ça ressemble à du top chef, ça a le goût de top chef, mais… ça s'appelle «Oui Chef Académie». Et c'est un nouveau programme diffusé sur La Télé Vaud Fribourg depuis ce dimanche 1ᵉʳ octobre. Le principe: huit candidats dont deux femmes (de jeunes chefs professionnels de sept ans d'expérience au maximum) s'affrontent lors d'un duel culinaire sur un thème imposé. Un jury de professionnels déguste les assiettes et élimine la moins convaincante, façon épreuve de la dernière chance.
J'ai regardé le premier épisode. Si vous appréciez le célèbre show culinaire de M6, vous aurez votre dose de gimmicks topchéfiens. Les plans de couteaux qui font chop chop au ralenti, les jingles sonores qui font tadadam quand on voit un chef, les belles cuisines qui foutent la honte à la nôtre, les candidats qui se coupent un morceau de doigt, les plats terminés à la dernière seconde du compte à rebours, les «je vais tout donner», les chefs qui passent mettre un coup de pression aux candidats, tout y est, ou presque.
«Top Chef», mais avec une pincée de suissitude
Parmi les différences, j'ai remarqué que c'est beaucoup plus court que le grand frère français (25 minutes), qu'il n'y a pas de présentateur, et qu'on ne prononce pas le mot «sellette» toutes les 30 secondes. Bref, que du bon, mais il y a aussi quelques écueils.
Il y a beaucoup moins de rythme, les plans ne sont pas aussi bien filmés que sur M6, le son saute par moments et finalement il y a très peu de complicité entre les chefs du jury, que j'ai trouvés un peu coincés: Christian Segui, charcutier MOF et chef exécutif de l'Ecole hôtelière de Lausanne, où est filmée l'émission, Guy Ravet, chef exécutif du Grand Hôtel du Lac à Vevey et Claude Frôté, ex-chef du Bocca à Saint-Blaise (NE), invité pour l'occasion.
Le premier épisode a vu s'affronter Yasmin et Nikola qui ont dû servir une ballotine de poulet farcie accompagnée de chanterelles. Les deux candidats ne s'affrontent pas en face à face comme dans «Top Chef». C'est dommage, d'autant qu'ils exécutent exactement la même recette avec peu de marge quant à la créativité, si bien qu'on voit à peu près deux fois la même chose. C'est plutôt la technique, l'organisation, voire l'hygiène et la vaisselle, autrement dit les trucs chiants, qui sont évalués par le jury. Dommage.
Je m'attendais globalement à un ersatz catastrophique, mais pour une première, ce n'était finalement pas si mal. C'est «Top Chef», mais avec une dose de suissitude, par exemple quand Claude Frôté commente «Ohlala le cheni qu'il a fait, c'est intolérable». Forcément, on approuve pareil commentaire, autant dans le fond que dans la forme. Nikola, c'est le type que tu regrettes de laisser cuisiner chez toi parce qu'il sort une casserole par ingrédient et te laisse tout en bordel dans l'évier. Avec un jury plus dynamique, plus déconneur, moins scolaire, on arriverait à un divertissement assez convivial. On préfère encore l'original à la copie, mais pour les amateurs du genre, «Oui Chef Académie» peut faire office de snack en attendant de zapper sur M6.
Le dimanche à 18h et en replay sur La Télé Vaud Fribourg