Ce vendredi matin, 9 heures, le journaliste Antoine Droux était sur les ondes de la RTS pour un nouveau rendez-vous radio, non pas sur le thème des médias - son émission Médialogues ayant pris fin - mais sur celui de la bouffe. L'invité: Franck Giovannini. Le thème: les haricots verts.
Pour l'animateur, c'était donc un retour aux sources, lui qui est cuisinier de formation et a même officié dans un grand restaurant zurichois. Joint par téléphone après la diffusion en direct, et à l'issue d'un débriefing en interne, il s'est dit «content et soulagé (...) On avait la crainte que les auditeurs n'appellent pas, intimidés par la présence de Franck Giovannini (chef triplement étoilé du restaurant de l'Hôtel de Ville de Crissier), mais ça n'a pas été le cas: l'émission s'est même située dans la fourchette haute du nombre d'appels habituellement reçus.»
A l'écoute, j'ai trouvé Antoine Droux finalement assez discret. Celui-ci m'explique devoir surveiller la montre et les appels qui arrivent pendant l'émission, un rôle «de journaliste radio» qui le place sans doute un peu en retrait. Était-il plus à l'aise avec ses confrères journalistes, comme il le faisait chaque samedi? «Avec les chefs, ce sont des discussions moins dures, plus sympa», compare-t-il.
Disserter sur les haricots
Plus qu'une émission, cette première est en fait une parenthèse hebdomadaire «gourmande et pratique» s'insérant dans «On en parle». Antoine Droux y reçoit chaque semaine deux invités sur un thème fil rouge (ce matin, un producteur de haricots verts accompagnait le chef Giovannini). Et le trio de palabrer sur les conseils et astuces pour choisir, préparer et déguster les haricots verts. Un format qui n'est pas sans rappeler «On va déguster» sur France Inter, la proximité et la simplicité romandes en plus.
Le haricot vert a beau être jugé «peu farouche» et «pas bégueule» par Antoine Droux, une telle thématique à l'antenne pendant une heure a de quoi surprendre, tant il faut reconnaître que ce n'est pas l'aliment le plus rassembleur. C'est Franck Giovannini lui-même qui l'a proposé, dit le journaliste. «Il hésitait entre la féra et les haricots, un aliment qu'il tient à mettre en avant dans son restaurant. J'ai eu initialement la même réflexion que toi, mais finalement, c'était une bonne idée.»
Je ne dirais pas le contraire, car j'ai appris plusieurs choses, dont le fait que le grand chef cuit ses haricots verts le plus simplement du monde (blanchis puis revenus dans un peu d'huile ou de beurre), et qu'il en sèche certains dans un appareil afin d'en faire une poudre, pour travailler sur les textures. On trouve l'une de ses recettes de haricots chez nos confrères de GaultMillau. Et dans son restaurant, il met cet été l'humble légumineuse au centre de l'assiette avec un gratin de haricots verts auquel du caviar est relégué au second rôle. Osé!
Commentaires de Marmiton
Ponctuant ses commentaires, des auditeurs appelaient pour mettre leur grain de sel dans la conversation. S'il peut au premier abord sembler quelque peu saugrenu d'interrompre le maître avec des commentaires qu'on pourrait lire sur le site Marmiton, il faut avouer que la sauce a pris, et que le résultat fut une conversation à la fois monomaniaque, joviale et joyeuse: bref, une bonne causerie de bouffe comme on les aime et qui, signe de la réussite, m'a décidé à aller acheter des haricots.
Tout au plus, si l'on voulait émettre une réserve, dirait-on que l'émission fut un poil trop sage. Avec un peu plus de la signature vocale d'Antoine Droux et du franc-parler auquel se prête volontiers le chef Giovannini, je serais peut-être un peu moins resté sur ma faim (des haricots).