Le futur président américain Donald Trump l'a promis à maintes reprises ces derniers mois: une fois revenu à la Maison Blanche, il mettra fin à la guerre en Ukraine le plus rapidement possible. Pour cela, l'ancien lieutenant général et ex-conseiller du gouvernement Keith Kellogg doit l'épauler dans le poste nouvellement créé d'«envoyé spécial pour l'Ukraine».
La création de ce poste montre que Trump prend désormais les choses au sérieux et fait effectivement de la realpolitik. Keith Kellogg a déjà des idées très concrètes sur la manière dont il va forcer les belligérants à s'asseoir à la table des négociations. Trump pourrait-il vraiment être celui qui mettra fin à la guerre en Ukraine?
Une idée simple mais est-elle réalisable?
Keith Kellogg est parfaitement préparé à sa nouvelle mission: dès le printemps, il a élaboré un plan avec un analyste de la CIA pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Selon l'agence de presse Reuters, les deux hommes ont présenté leur idée en juin à Trump, qui a réagi «positivement» à leurs propositions. En effet, de nombreuses pistes mentionnées dans le rapport ressemblent au projet du futur gouvernement américain. Mais que prévoit exactement Keith Kellogg?
En fait, son idée est simple: forcer les deux belligérants, l'Ukraine et la Russie, à s'asseoir à la table des négociations. L'objectif est de geler le conflit le long de la ligne de front actuelle pour une durée indéterminée, sans que l'Occident ne reconnaisse les gains territoriaux russes. En échange, l’Ukraine obtiendrait des garanties de sécurité et des livraisons d’armes supplémentaires, tandis que la Russie se verrait promettre un renoncement de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN et un assouplissement des sanctions.
Cette solution serait douloureuse pour les deux camps: ni le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ni le chef du Kremlin Vladimir Poutine n'atteindraient leurs objectifs de guerre déclarés. La Crimée et le Donbass seraient toujours aux mains de la Russie, un compromis difficilement acceptable pour l'Ukraine. Pour la Russie, ce plan signifierait un échec dans sa quête de victoire totale que Poutine avait annoncée au début de l'invasion.
Trump ne laisse pas le choix aux belligérants
Pourquoi donc les deux belligérants accepteraient-ils le plan de Keith Kellogg, alors que tant de propositions de négociations ont déjà échoué? Tout simplement parce que Trump et Kellogg ne leur laisseront pas le choix. «Nous dirons aux Ukrainiens: 'Vous devez venir à la table des négociations, et si vous ne venez pas, le soutien des Etats-Unis cessera'», avait déclaré Keith Kellogg à Reuters en juin.
«Et nous dirons à Poutine qu'il doit venir à la table, et s'il ne vient pas, alors nous donnerons aux Ukrainiens tout ce dont ils ont besoin pour tuer les Russes sur le champ de bataille.» Du Trump dans le texte. En juillet 2023 déjà, le candidat républicain signalait sa volonté de suivre une telle voie: «Si la Russie affiche son désaccord, nous donnerons aux Ukrainiens plus d'armes qu'ils n'en ont jamais reçues.»
Avec ce plan, le futur président américain mise sur l'expression romaine ancienne «la paix par la force – ou à défaut, la paix par la menace». Un grand nombre de prédécesseurs de Trump, dont George Washington, Theodore Roosevelt et Ronald Reagan, ont suivi ce credo. C'est une attitude qui a clairement fait défaut à l'administration du président américain sortant Joe Biden. Sa stratégie consistant à livrer à l'Ukraine juste assez d'armes pour se défendre mais pas pour vaincre la Russie suscité une pluie de critiques.
Le fait que ce soit justement Donald Trump qui puisse mettre fin à la guerre en Ukraine, ou plutôt qui tentera de le faire, peut surprendre. Après tout, c'est lui qui soulignait il y a quelques mois encore qu'il ne voulait plus envoyer d'armes à l'Ukraine. On lui avait alors reproché d'agir dans l'intérêt de Vladimir Poutine. En engageant Keith Kellogg, Trump semble montrer qu'il peut également agir dans l'intérêt de l'Ukraine… ou du moins qu'il peut essayer de le faire.